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Le maréchal d’Ancre disparu, Marie de Médicis écartée, Luynes étant à la fois le favori et le ministre, l’alliance de celui-ci avec la maison de Montbazon et avec les Rohan avait donné quelque espoir de voir les choses s’arranger. On le savait hésitant, inquiet, amateur de combinaisons et d’arrangemens ; il ne cherchait pas à se créer des ennemis ; il entrait volontiers en pourparlers et ne marchandait ni les belles paroles, ni les promesses, ni même les concessions, s’il les croyait profitables à sa faveur.

Mais le parti protestant renouvelle alors et aggrave la faute de 1611. En février 1617, le bruit se répand, une fois encore, que l’intention de la Cour est de procéder à la réunion du Béarn. Aussitôt, les États de la province se rassemblent et ils protestent solennellement contre toute mesure pareille, « la constitution du Béarn ne permettant pas aux souverains le droit de toucher à la loi fondamentale, sans l’agrément des États. » La question politique est ainsi posée ; mais à qui s’adresse-t-on pour trouver un secours ? A l’Assemblée des Réformés de France, c’est-à-dire aux représentans d’une doctrine religieuse.

Et que font ceux-ci ? Entraînés par l’éloquent et téméraire Lescun, l’Assemblée de La Rochelle décide, le 11 mars 1617, que la cause protestante fait sienne, désormais, la cause béarnaise. L’Assemblée adresse aux membres du Conseil des Eglises réformées du Béarn, la communication suivante : « On prétend procéder à la réunion du royaume de Navarre et souveraineté de Béarn à la France, afin qu’étant ainsi réunis et vivans sous mêmes lois, les édits soient exécutés partout, et notamment l’Edit de Nantes qui remet les ecclésiastiques en tous biens et revenus. Or, nous avons voulu vous témoigner par celle-ci que nous nous ressentons fort intéressés en votre cause comme étant la nôtre et, qu’en cette considération, nous n’omettrons aucune chose pour faire qu’il ne soit rien changé ni altéré en votre pays et que, sous quelque prétexte que ce soit, on ne ravisse, de vos mains, ce dont vous jouissez. » Ce cartel d’union était une véritable déclaration de guerre à la royauté.

L’affaire se précisait, on le voit, sur un point particulièrement délicat : la restitution des biens ecclésiastiques confisqués au temps de Jeanne d’Albret. Or, ce fut sur ce point que le parti catholique porta, immédiatement, tout son effort. Henri IV avait pris des engagemens formels. On somma le jeune roi de les