Majesté se met en marche pour aller hors de son royaume, il est certain que le roi d’Espagne fomentera davantage leur rébellion et qu’il leur donnera de l’argent pour mettre le feu à la maison. »
Les ennemis de la France le savaient mieux encore. Sous prétexte de religion, l’Angleterre se mêlait insolemment de nos affaires intérieures. Le roi Jacques, en sa qualité de successeur d’Elisabeth, était en relation constante avec les chefs du parti huguenot ; il payait pension aux ministres et, si zélé royaliste qu’il fût, ce roi ne se faisait pas scrupule d’entretenir, chez son voisin, le levain de la démagogie protestante. Celle-ci, en retour, était aux pieds de ce roi étranger. À cette époque, l’idée religieuse obscurcissait l’idée de patrie : « Ces Calvinistes exaltés appartenaient à une race, comme dit un de leurs historiens, qui mettait la cause de la religion au-dessus de tout autre intérêt, et ils professaient les principes qui, depuis le milieu du XVIe siècle, poussaient les adhérens de la même religion à se porter mutuellement secours sans égard aux frontières qui séparent les Etals et les nationalités. »
L’Angleterre le savait ; mais une puissance autrement redoutable pour la France le savait également : c’était l’Espagne. Un autre écrivain protestant, historien très averti, très perspicace et même très passionné, Levassor, dévoile l’habileté avec laquelle la Cour d’Espagne se servait de ce moyen pour affaiblir sa dangereuse rivale en Europe. « Les émissaires de la Cour de Rome et du Conseil de Madrid usaient de toute leur adresse pour allumer une guerre de religion en France… Le moyen le plus sûr d’arrêter les Français dans leur pays, c’était de faire en sorte que le Roi attaquât ses propres sujets. Dès lors, la Maison d’Autriche était en repos du côté de la France, sa plus puissante et sa plus dangereuse ennemie. » Mais ce que cet historien devrait ajouter, c’est que le parti huguenot était bien téméraire et bien fou de se faire, pour la satisfaction de ses ambitions ou de ses passions immédiates, le complice de la grande puissance catholique qui était, à la fois, l’ennemie de la France et l’auxiliaire le plus redoutable de la Papauté. Ici, le prétexte de la religion ne peut plus servir, tout au contraire. Cependant les négociations directes avec l’Espagne sont un fait constant ; les papiers de La Miletière ne laissent aucun doute à ce sujet.
D’ailleurs, ce rôle redoutable, réservé au corps des