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son arrangement de 1899 avec l’Angleterre, pour le règlement de leurs affaires communes en Afrique, n’avait pas pour objet et n’aurait pas pour conséquence de couper les communications de la Tripolitaine avec le centre du continent. L’arrangement de 1899 nous ayant attribué, dans une certaine mesure, I’hinterland de la Tripolitaine, il ne nous serait pas très difficile de gêner, ou même d’interrompre, si nous le voulions, les communications de cette province avec le Sud. Mais nous ne le voulons pas, et la déclaration que nous en avons faite constitue à cet égard un engagement auquel nous serons fidèles.

Un annonce, — et M. Barrère en a dit quelque chose dans son discours du 1er janvier, — que ces déclarations seront prochainement confirmées par M. Delcassé à la tribune du Palais-Bourbon. Il est possible qu’on demande, sur quelques points, à M. Delcassé des explications complémentaires : par exemple, si les assurances que nous avons données à l’Italie au sujet de la Tripolitaine n’ont pas eu ailleurs leur contre-partie. Elles l’ont eue sans doute et, dans une conversation avec un journaliste italien, M. Delcassé l’a déjà laissé entrevoir. Si nous nous désintéressons de ce qui peut se passer à l’est de nos possessions algériennes, il n’en est pas de même à l’Ouest. Là est le Maroc, dont il a été quelquefois, et même, à notre avis, trop souvent question dans ces derniers temps. La France doit avoir une politique au Maroc, et ce ne peut pas être une politique d’indifférence. Mais loin de nous la pensée que ce doive être une politique de conquête ! Nous n’avons pas d’intérêt plus grand que le maintien du statu quo au Maroc. Ce ne serait que dans le cas où, d’autres puissances viendraient à le troubler que nous serions bien obligés, comme autrefois pour la Régence de Tunis, de faire concurrence à leur propre initiative : et les moyens ne nous manqueraient pas pour cela. Si cette hypothèse, que nous écartons de toutes nos forces, se réalisait néanmoins, nous ne trouverions pas l’Italie sur notre chemin : elle pratiquerait envers nous la même neutralité que nous pratiquerions envers elle dans la Tripolitaine, si son expansion naturelle la poussait de ce côté. Nous aurions donc au Maroc, comme elle aurait elle-même dans la Tripolitaine, une difficulté de moins : mais il en resterait encore beaucoup à surmonter. La Tripolitaine appartient à la Porte : l’Italie aurait à s’arranger avec elle, soit par la diplomatie, soit autrement. Le Maroc est un pays indépendant, que la nature et le défaut de routes défendent contre toute invasion étrangère, et qui, s’il était l’objet d’une compétition quelconque, le serait aussitôt de plusieurs autres. Il ne