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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.


Dans la quinzaine qui vient de s’écouler, nous n’avons eu que des discours. Nous nous contenterons pour aujourd’hui de signaler celui que M. Waldeck-Rousseau a prononcé, le 12 janvier, à Saint-Étienne, et dont il a voulu faire le programme, peut-être serait-il plus exact de dire le prospectus des élections prochaines. L’occasion ne nous manquera certainement pas d’y revenir. Quel qu’en ait été l’intérêt, il pâlit un peu devant l’importance plus grande encore, parce qu’elle sera plus durable, de ceux qui ont été prononcés, à Rome par M. Barrère, et à Berlin par M. de Bulow. Ces deux discours éclairent d’une vive lumière l’état politique de l’Europe et les modifications qui s’y sont produites, modifications dont M. Barrère a mis en relief, et dont M. de Bulow s’est efforcé d’atténuer un peu la gravité, sans la nier toutefois.

Ces changemens se rapportent aux relations nouvelles établies entre la France et l’Italie, et M. Barrère n’a pas parlé d’autre chose. Mais M. de Bulow, dans son discours au Reichstag, a considérablement élargi la question. À propos du rapprochement franco-italien, il a parlé de la Triple Alliance elle-même, et il a présenté sur elle quelques observations en partie inattendues, qui devaient causer dans le monde entier une assez vive impression. L’Italie fait partie de la Triple Alliance depuis assez longtemps pour avoir pu la juger d’après les avantages qu’elle en a retirés. C’est un examen que nous ne ferons pas avec elle ; il vaut mieux qu’elle le fasse toute seule ; mais nous serions surpris si, dans le calcul des profits et des pertes, elle estimait que la balance penche du premier côté. Elle a eu des raisons assez complexes d’entrer dans la Triple Alliance. La défiance, injustifiée à coup sûr, mais réelle, qu’elle éprouvait au sujet des dispositions de la France à son égard, y a été pour quelque chose. M. de Bulow a dit,