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vallée. C’était la réplique du Nord. Ces troupes s’approchèrent même du fort Fuentès. Mais le gouverneur du Milanais, le duc de Feria, avait donné l’ordre de tirer le canon. Il prêta la main aux Valtelins et leur fournit des hommes et de l’argent. Robustel avait envoyé à Milan une ambassade composée de Valtelins pour demander franchement la protection de l’Espagne. Les Grisons furent battus à diverses reprises et, en fin de compte, refoulés. Au mois d’août 1020, à la suite d’une double opération, l’une sur la Valteline, dirigée par Robustel, et l’autre sur l’Engadine, commandée par Planta, l’Espagne arrivait à ses fins ; elle était entièrement maîtresse des défilés.


C’était le moment même où Louis XIII battait Marie de Médicis aux Ponts-de-Cé, et c’était le moment où Maximilien de Bavière, marchant au secours de la Maison d’Autriche, commençait la campagne qui allait décider du sort de l’Allemagne.

Il y avait donc un immense mouvement d’offensive simultanée de toutes les forces catholiques sur le large front de bandière qui partageait l’Europe. Comme naguère la Maison d’Autriche, maintenant c’était le parti adverse qui implorait le roi de France. Les Grisons invoquaient les vieilles alliances. Venise oubliait sa querelle particulière pour ne plus songer qu’au péril commun. Le duc de Savoie armait, hésitant sur le parti à prendre.

En Europe, tout ce qui était attaché à la cause libérale, tout ce qui s’était compromis contre la Maison d’Autriche ou contre la Maison d’Espagne, se sentait menacé. D’ailleurs, les ministres du roi de France ne pouvaient rester indifférons ; c’était de leur cause qu’il s’agissait ; c’étaient les intérêts français qui étaient visés directement. L’occupation de la Valteline par les Espagnols, ce n’était pas seulement une humiliation, c’était une blessure et une diminution.

L’ambassadeur de Venise nous tient au courant des démarches qu’il multiplie auprès du gouvernement français : Sillery, qui était resté à Paris, tandis que le Roi et le duc de Luynes étaient dans l’Ouest, à la tête de l’armée, rendait compte à la Cour de ces démarches. Sous le coup de la première émotion, il déclare lui-même, que « le Roi ne peut tolérer cela. » Mais, bientôt, il se modère ; il a eu probablement quelque nouvelle des sentimens du favori ; en tous cas, il ne veut pas s’engager. Il louvoie, fait appel à la conciliation, à l’équité ; « J’ai dit au Nonce que le Roi ne pourrait