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REVUE MUSICALE



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Théâtre de l’Opéra : Siegfried, drame lyrique en trois actes, de Richard Wagner ; version française d’Alfred Ernst.


Vous devez commencer à savoir que Siegfried est la seconde des trois journées ou des trois époques composant avec le Rheingold, qui leur sert de prologue, l’ensemble de la Tétralogie. Dans le quadruple drame de l’Anneau du Nibelung, Siegfried forme la péripétie et marque l’avènement du héros. En voici le sujet, résumé jadis par doux de nos confrères qui furent parmi les ouvriers de la première heure ; parmi les ouvriers, ou les serviteurs, et non les esclaves ; parmi les plus zélés, mais les plus sages aussi.

« La Walkyrie, écrivaient, il y a seize ans déjà, MM. Albert Soubies et Charles Malherbe, la Walkyrie est un drame passionné où l’on retrouve encore, en partie, l’économie savante d’une action bien ménagée et bien suivie. Avec Siegfried, nous entrons dans le domaine de la poésie pure. Plus de pièce, à proprement parler, plus de composition dans le sens exact du mot ; mais une simple succession de scènes familières ou grandioses, une suite d’épisodes découpés, sans aucun souci de l’intérêt dramatique, dans la féerique histoire de la jeunesse d’un héros. Médiocrement pressé d’arriver au but, l’auteur s’attarde volontiers en chemin. L’ouvrage dure plus de quatre heures et on peut le raconter en deux minutes.

« Fils de Siegmund et de Sieglinde, qui est morte en lui donnant le jour, Siegfried a été recueilli par le nain Mime, dont l’affection apparente masque une secrète pensée de convoitise. Le géant Fafner a pris la forme d’un dragon pour mieux défendre son trésor, et le rusé frère d’Alberich compte se servir du bras puissant de son fils adoptif pour reprendre au monstre l’anneau des Nibelungen.