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victoire pour le roi de Prusse. Daun, d’abord vainqueur, fut, à la nuit, forcé à la retraite par les troupes prussiennes. Les Autrichiens se retirèrent alors sous Dresde, où ils prirent leurs quartiers d’hiver.

La campagne était terminée. Il fallait songer à combler les vides dans l’armée appauvrie par les morts et par les désertions, et, tout en songeant à la paix au sujet de laquelle l’espoir devenait de jour en jour plus chimérique, Choiseul dut donner tous ses soins à la réorganisation des moyens de défense. Au mois de janvier 1761, il avait pris, après la mort du maréchal de Belle-Isle, la place de ministre de la Guerre et l’occupait conjointement avec celle des Affaires étrangères. Il était donc en situation de vérifier par lui-même l’état de nos arsenaux comme il connaissait les intentions des alliés ou des ennemis de la France ; or, la seule ressource qui lui parût rester au Roi, c’était de faire auprès de l’Angleterre de nouvelles tentatives pour obtenir la paix. Cette paix, Louis XV la désirait, car elle devait lui assurer, au moins à l’extérieur, la tranquillité qu’il aimait et que les querelles des Jésuites et l’affaire du Père de la Vallette troublaient singulièrement à l’intérieur. Devant la lassitude du Roi, la favorite se résigna à céder ; Choiseul obtint le consentement de l’Angleterre et, le 29 mars, une proposition de Congrès fut adressée par la France et les alliés à l’Angleterre et à la Prusse, en même temps qu’un projet de conventions particulières était soumis à l’Angleterre par la France. Cependant les intentions secrètes de Pitt étaient fort loin d’être portées pour une paix qui ne pouvait donner à l’Angleterre que ce que celle-ci était sûre de prendre et, lors des discussions relatives aux conditions d’un traité, il rendit impossible toute conciliation par ses exigences humiliantes et ses insolences répétées. Le cabinet de Versailles dut renoncer à l’espoir d’une entente et ce fut alors que Choiseul entama les pourparlers destinés à lier entre elles, par un traité secret, les différentes branches de la maison de Bourbon. Ce traité, qui fut signé le 16 août, prit le nom de Pacte de famille ; il engageait l’Espagne à nous soutenir de sa marine et de ses armes et nous assurait un appui précieux dans l’état de faiblesse où nous nous trouvions.

Le Pacte offrait l’avantage d’être un acheminement vers la fin de nos désastreuses campagnes. Celle de 1761, fâcheusement compromise par la jalousie et la fausse gloriole de deux chefs