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Majesté de connaître quel est le sujet de plaintes, pour le réparer sans différer, ou en donner une explication satisfaisante à S. M. Prussienne, pour laquelle, malgré tout ce qui a pu lui échaper d’injurieux contre la France, on ne cessera d’avoir les égards qui lui sont dûs à toutes sortes de titres.

« Ainsi donc, mon cher Solitaire, voyés si il vous est possible d’écrire au roi de Prusse, de lui mander que nous avons connaissance de cette phrase et d’en obtenir une explication. La démarche de votre part et de la nôtre est honnête ; si elle ne produit rien, comme ni vous, ni moi, n’irons de notre vie auprès de Spandau, elle n’est d’ailleurs sujette à aucun inconvénient. »


L’explication que Choiseul faisait demander au roi de Prusse le préoccupait assez pour qu’il se montrât impatient d’un prompt éclaircissement. Cependant, si sa vanité souffrait de ce qu’on le traitât d’inconséquent et de fol, nous devons avouer que, dans la lettre suivante, où il se plaint de ces épithètes, il se montre si léger qu’il semble vraiment les justifier ; et, pour ne pas être offusqué du ton d’ironique inconscience avec laquelle il parle du Canada définitivement perdu depuis le 8 septembre, il faut se rappeler qu’à cette triste époque, les défaites des armées étaient considérées comme de fâcheux accidens, sans doute, mais que compensaient en quelque manière la parfaite santé du souverain et la bonne humeur des ministres.


À Versailles, ce 12 octobre (1760).

« Je vous remercie, ma chère Marmotte, du premier tome de Pierre Ier[1]. Il est comme tout ce que vous faites ; vous me dégoûtés des livres ; je brûlerai tout ceux qui ne seront pas de vous ; ils ne font que tenir de la place dans ma chambre et je ne lis que vos ouvrages. Vous me dégouterés même des dépêches ; rien de si saillant cependant que celles qui sortent de la poussière de Ratisbonne. A propos de dépêches, la lettre du roi de Prusse au marquis d’Argens est vraie ; la Cour de Russie me l’a adressée en original. Pourquoi diable ce prince me trouve-t-il fol et inconséquent ? Il est comme ceux qui ont la jaunisse ; je suis curieux de la réponse qu’il vous fera à ma demande ministérielle. On dit que les Russes, les Suédois, les Autrichiens,

  1. Ce livre, imprimé en 1759, venait seulement de paraître.