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manque d’entente entre nos di lie rentes colonies. Une commission interministérielle vient d’être créée à Paris, qui comblera une vraie lacune de notre organisation. Les gouverneurs de l’Algérie, de l’Afrique occidentale française, le résident général à Tunis, le ministre de France an Maroc y siégeront de droit. Ainsi sera assurée à notre politique africaine et à la mise en valeur de nos domaines l’unité de direction qui leur a fait si longtemps défaut.

Souhaitons aussi que ce comité nouveau nous aide à donner à chaque question la place qui lui convient dans notre politique générale, et à la traiter selon sa valeur propre et son importance relative. C’est ainsi que la question du Touât, qui a pesé si longtemps sur notre politique algérienne et qui vient de recevoir une solution définitive, n’est qu’une petite question ; mais son histoire depuis trente ans est caractéristique : elle enseigne combien une affaire minime, mal conduite, négligée, compliquée comme à plaisir, peut causer de tracas et coûter de peines. L’on a été un moment sur le point de confondre la question du Touât, qui, en elle-même, est presque insignifiante, avec celle du Maroc, qui est considérable ! Quand il s’agit de notre expansion, la vraie méthode est de sérier les questions, de les isoler pour les résoudre une à une ; et ce n’est pas un des moins heureux résultats de notre intervention au Touât que d’avoir, autour du Maroc, déblayé le terrain. Si quelque jour, proche ou éloigné, doit se poser la « question marocaine, » ce ne sera pas pour nous un médiocre avantage d’en avoir dégagé les avenues, d’en avoir éliminé tout ce qui l’obscurcissait et d’avoir, en un mot, réservé l’avenir.


RENE PINON.