Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le nombre des troupes européennes sera, autant que possible, diminué à mesure que la sécurité sera plus complète. L’effort de la défense sera reporté sur la ligne de l’oued Zousfana, à Beni-Abbès surtout, et les troupes qui en resteront chargées, considérées comme troupes de couverture du chemin de fer, ne seront plus inscrites au budget ordinaire du Touât. Dans ces conditions, le gouvernement ne demande, cette année, au Parlement, pour les frais d’occupation et de défense, que trois millions et demi, et ce chiffre diminuera encore à mesure que disparaîtront les restes de l’ancienne organisation[1]. En outre, les forts Mac-Mahon, Miribel et Hassi-Inifel, qui coûtaient 1)00 000 francs par an, les postes de Aïn-ben-Khelil et de El-Aricha, sont devenus inutiles et seront sans doute abandonnés, et la garnison d’El-Goléa sera considérablement réduite, sinon supprimée. Il semble bien, en résumé, que l’on ait adopté la vraie méthode : faire, dans la mesure du possible, défendre, surveiller et administrer le Sahara par des Sahariens, sous la direction de nos officiers des affaires indigènes, habitués à la vie du Sud et rompus au gouvernement des nomades.

Ce n’est pas assez de réduire les dépenses à de justes proportions : il faut faire tous nos efforts pour que, d’ici à peu d’années, le Touât paie ses frais d’administration et de défense. Partout, dans le sous-sol, l’eau est abondante : et l’eau, dans le Sahara, c’est la richesse ; tout le long de l’oued Saoura, la forêt de palmiers est ininterrompue. Nul doute que « la paix française » ne permette aux ksours, ruinés par les nomades, de se relever, et qu’une sage administration, informée des coutumes locales pour la répartition des eaux, ne puisse multiplier, comme nous l’avons fait dans l’oued Rhir, le nombre des palmiers et surtout remplacer partout les variétés médiocres par les meilleures. Déjà, comme avant la conquête, les caravanes que nos tribus du Sud-oranais conduisent chaque hiver à In-Salah, ont repris, le mois dernier, leur route séculaire vers les oasis. — Enfin, il faut souhaiter que, dans le plus bref délai possible, le chemin de fer de Duveyrier parvienne au Gourara. Du moment que nous sommes décidés à, rester au Touât, le chemin de fer doit y arriver, ne fut-ce que pour économiser une fois pour

  1. Le chiffre global des dépenses pour les exercices 1900 et 1901 a été de plus de 28 millions ; elles étaient encore, dans l’été de l’année dernière, d’environ un million par mois.