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pourrons toujours, si les Berâber devenaient trop gênans et si l’autorité du sultan était impuissante à les contenir, aller les frapper jusqu’au Tafilelt, de même que nous pourrons poursuivre des dissidens jusque dans les ksour de Figuig. C’est la méthode que nous avons suivie au temps où le gouvernement lançait l’expédition Wimpffen pour frapper un coup retentissant sur les nomades et obtenait la collaboration du gouvernement marocain ; nous ferons bien, le cas échéant, de ne pas oublier cet exemple.

Figuig restera marocaine et continuera à s’avancer comme une enclave au milieu de nos possessions ; mais que nous importe une oasis de plus ou de moins, du moment que nous sommes sûrs de pouvoir tenir en respect les nomades qui l’entourent et qu’elle ne deviendra plus, comme jadis, un refuge pour tous les mécontens d’Algérie et un foyer d’intrigues antifrançaises ? Quand nous aurons achevé d’organiser les Doui-Menia, quand ils seront devenus, sous notre surveillance, un maghzen chargé de faire la police des régions mitoyennes, nous aurons mieux qu’une frontière indiquée par des bornes et des poteaux, nous aurons, dans la mesure du possible, une limite naturelle : ce sera, à l’ouest, la grande hamada qui sépare l’oued Guir du Tafilelt, et au nord, le Djebel-Grouz et le Djebel-Zelmou. Et, si ces bornes elles-mêmes ne doivent pas, dans l’avenir, rester celles de l’Afrique française, elles sont du moins, pour le moment, les seules que nous puissions trouver et qui puissent assurer au Maroc et au Sud-oranais la tranquillité et la paix dont ils ont, l’un comme l’autre, besoin.

Il fallait, en outre, doter nos conquêtes nouvelles d’une organisation intérieure capable d’assurer leur sécurité et leur développement économique avec le moins de frais possible, et en proportionnant les dépenses à la valeur du but. Le Gourara, le Touât et le Tidikelt vont recevoir une organisation nouvelle. Un projet actuellement soumis à la Chambre propose de donner à tout le sud l’autonomie administrative et financière, sous la haute autorité du Gouvernement général de l’Algérie. La police y serait faite par des compagnies de milices sahariennes de formation nouvelle, recrutées autant que possible dans la région même. L’on pourra, en outre, pour la défense des oasis, tirer un bon parti des cavaliers indigènes, organisés en magkzen, et des goums du pays.