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tribus et les territoires mitoyens, — nous ne disons pas en traçant une frontière, — et en obtenant le concours du gouvernement marocain, dans la limite de ses forces, pour contenir les Berâber, c’était la première et la plus délicate partie de l’œuvre à accomplir. Une ambassade marocaine est venue dernièrement à Paris : l’un des buts de son voyage, et l’un de ses résultats, a été le règlement, dans un esprit de concorde et de bonne volonté réciproque, des questions pendantes dans le nord du Sahara. Le traité de 1845, consacré par un long usage, ne pouvait être ni discuté ni modifié dans ses dispositions essentielles ; mais, depuis le temps de la bataille d’Isly, la France s’est avancée très loin dans le Sud ; des circonstances nouvelles, des contacts nouveaux sur des points plus nombreux exigeaient des éclaircissemens complémentaires et des stipulations additionnelles pour rendre plus facile l’application d’un texte insuffisamment explicite à des cas qu’il ne pouvait prévoir.

C’est pour cette raison et dans cet esprit qu’un protocole explicatif du traité de 1845 fut discuté et conclu (20 juillet 1901). Le sultan, aux prises, dans l’intérieur même du Maroc, avec de grands embarras et de fréquentes guerres, désire avant tout vivre en paix et en bonne intelligence avec sa voisine l’Algérie : jamais, sauf peut-être à certains momens du règne de Moulai-el-Hassan, il n’a eu l’illusion, ni même le désir, de dominer effectivement les oasis du Touât, lui dont l’autorité est si faible à Figuig ou chez les Berâber ; il a fallu notre extraordinaire inaction pour favoriser dans les oasis quelques intrigues marocaines sans grandes conséquences pratiques. L’occupation du Touât par la France, loin d’être un attentat aux droits du sultan, terminait une longue série de difficultés dont, tout le premier, il souhaitait voir la fin. Aussi le gouvernement marocain a-t-il de très bonne grâce reconnu notre domination sur le Touât, le Gourara, le Tidikelt, le cours de l’oued Saoura et de l’oued Zousfana.

Dès lors, l’entente sur les meilleurs moyens de garantir la sécurité des régions mitoyennes devenait facile. Il fallait d’abord assurer l’ordre chez les Doui-Menia ; le gouvernement marocain était hors d’état d’empêcher leurs incursions et de nous garantir leur tranquillité ; d’autre part, le traité d’Oran les rattache, par un lien que rien n’est venu rendre caduc, à l’Algérie française ; il était donc naturel que le sultan consentît à nous laisser la charge de maîtriser les Doui-Menia et les Ouled-Djerir. Nos