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Abou-el-Abbas-Ahmed-el-Mansour réussirent, après une rude campagne, à soumettre toutes les oasis ; mais cette apparition des armées chérifiennes ne laissa pas de traces, et il faut arriver jusqu’à 1808 pour voir Moulai-Sliman obliger, pour quelque temps, les gens du Touât, de même que ceux de Figuig, à lui payer l’impôt. Ainsi, jusqu’à ces dernières années, jamais les sultans n’avaient établi une autorité durable sur les oasis ; ils n’y jouissaient que d’un prestige religieux qu’ils partageaient avec le chérif d’Ouazzan, avec les chefs des Ouled-Sidi-Cheikh et des principales confréries religieuses du Maghreb. « Géographiquement, écrivait, en 1809, l’illustre voyageur allemand Gerhardt Rohlfs, le Touât se trouve en dehors du Maroc. La position qu’il occupe en fait mie annexe de l’Algérie. »

Dès que la domination française fut solidement assise en Algérie, nos officiers et nos voyageurs, au courant des affaires du Sud, attirèrent l’attention du gouvernement sur la nécessité d’avoir une politique saharienne quand on est maître du Tell et des Hauts-Plateaux. En 1845, le général Daumas, dans son Sahara algérien ; en 1860, le colonel de Colomb, dans sa Notice sur les oasis du Sahara et les routes qui y conduisent, et, la même année, Henri Duveyrier, par ses belles études sur les Touareg du Nord, révélèrent au public la vie du désert. Mais ce fut surtout à partir de 1878 que la vogue des projets de chemin de fer transsaharien de l’ingénieur Duponchel mit à l’ordre du jour la pénétration dans les oasis. Pour atteindre la mystérieuse In-Salah, les missions se succédèrent, et beaucoup d’entre elles se terminèrent tragiquement. Les routes du Sahara virent tomber, victimes des gens d’In-Salah ou des Touareg, en 1881, le colonel Flatters et ses compagnons, massacrés à Bir-R’arama, la même année trois Pères Blancs, les PP. Richard, Morat et Pouplard ; en 1881, le lieutenant Palat périssait assassiné près d’In-Salah ; et, en 1889, Camille Douls avait le même sort dans le Sahara occidental. Ces attentats, qui chaque fois restaient impunis, démontraient de plus en plus la nécessité d’agir énergiquement dans le Sud ; en même temps, l’occupation du Mzab nous obligeait à nous établir aussi à Touggourt et à El-Oued, dans le Souf, et à affirmer notre autorité sur tout le pays jusqu’au Grand-Erg.

Depuis longtemps nous aurions pu, sans doute, établir notre suzeraineté sur « l’archipel » Touâtien en acceptant les offres qu’à