caravanes par an, surtout depuis que notre présence a arrêté le trafic des esclaves. Du Maroc, il vient encore des thés, quelques cotonnades et quelques fusils et, en sens inverse, il retournait, avant l’occupation française, 500 esclaves environ par an, un peu de poudre d’or, de plumes d’autruche et d’ivoire ; pour l’Algérie et la Tunisie, le commerce de transit est à peu près nul, et, bien que la route de Ghadamès et de la Tripolitaine soit plus fréquentée, le transit total d’In-Salah reste bien faible. La « paix française » sera-t-elle favorable à la prospérité du Ksar-el-Kebir ? Il semble bien qu’elle ne le deviendra réellement que quand tout le Sahara sera organisé, avec une bonne police indigène, et que les caravanes, trouvant partout les roumis, ne pourront plus se détourner des pays souillés par leur présence.
En dépit de l’optimisme de certaines illusions, le mirage de richesse que l’on a cru parfois voir flotter au-dessus de « l’archipel » touâtien n’aurait sans doute pas suffi à y entraîner nos explorateurs et, finalement, nos colonnes et notre drapeau, si l’occupation des oasis n’avait fini par s’imposer à nous comme une absolue nécessité et comme la condition de la tranquillité de l’Algérie. Comment cette nécessité a été depuis longtemps admise, et par suite de quelle série de malentendus et de tergiversations ce n’est qu’en décembre 1899 que nous avons fini, presque fortuitement, par entrer dans la période d’exécution, c’est ce qu’il est curieux de dire, maintenant que l’annexion du Touât est un fait accompli. Les annales de notre expansion coloniale sont pleines de cas analogues : faute de faire les choses à leur heure, d’oser prendre une détermination, nous attendons, pour nous décider à agir, d’être acculés à des difficultés sans issue ; nos entreprises finissent quand même par réussir, mais elles réussissent moins complètement et à plus de frais. C’est l’histoire de la conquête du Touât.
Vers 1845, au moment où le traité de Lalla-Marnia déclarait inhabité Je pays au sud des ksour, le Gourara, le Touât et le Tidikelt étaient complètement indépendans, sous la protection, qui équivalait à une demi-servitude, des Touareg Ahaggar. A de très rares intervalles, les sultans du Maroc avaient dirigé1 des expéditions vers le Touât : c’est ainsi qu’en 1581, les troupes de