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LES
MARCHES SAHARIENNES

AUTOUR DE FIGUIG, IGLI, LE TOUAT


I

De la petite oasis de Zoubia, ou plutôt du champ de cailloux noircis et comme brûlés par les ardeurs du soleil saharien, où vient actuellement s’arrêter le chemin de fer du Sud-oranais, si l’on monte jusqu’au sommet du Kas-ed-Dib, « la tête du Chacal, » on domine de quelque cent cinquante mètres le plateau où est installé notre camp de Duveyrier et la vue embrasse au loin, vers l’ouest et vers le sud, la vaste et morne étendue d’une steppe noirâtre, à peine parsemée de quelques touffes de ces plantes au feuillage grisâtre et aromatique qui sont toute la végétation du désert. Au pied même de la butte, se dessine un petit enclos en pierres sèches où quelques dalles blanches s’alignent symétriquement : ce sont des tombes françaises, car nos morts, déjà, ont pris possession de ce sol désolé. Un peu plus loin, vers le sud, une enceinte plus vaste enferme des rangées de tentes blanches et quelques baraques en pisé ; au haut d’un mât flotte le drapeau tricolore : c’est le camp de Duveyrier, auprès duquel le petit train du chemin de fer d’Aïn-Sefra, arrivé au terme de sa course, semble sommeiller dans la chaleur du