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LES
DEUX PARLEMENTARISMES

LA COUR SUPRÊME DES ÉTATS-UNIS

Cette fois, il semble bien que les Chambres elles-mêmes, qui devaient s’en apercevoir les dernières, étant les plus intéressées, aient senti dans quel discrédit est dès maintenant tombé chez nous tout ce qui est parlement, parlementaire et parlementarisme, sous les espèces où depuis un demi-siècle, et surtout depuis vingt-cinq ans, il nous a été donné de le connaître. Obligés de s’en prendre à quelque chose, faute de pouvoir en accuser quelqu’un, ce qui est toujours plus commode, nos députés, en confessant que la Chambre est ce qu’elle est, — c’est-à-dire qu’elle est ce qu’ils sont, c’est-à-dire qu’elle est ce que sont pour chacun deux ses voisins de pupitre et collègues, — en attribuent le mal à leur origine : ils ont été viciés et corrompus aux sources de leur génération ; ils sont, si l’on ose à présent se servir de ce mot, les tristes et innocens produits d’un suffrage universel avarié. Tant de médiocrité, de si misérables passions, des préoccupations si mesquines, cet aveuglement quotidien par la menue poussière de tout petits intérêts, les sept péchés sous lesquels on les accable et dont ils ne se défendent même plus, ce seraient en eux, à les en croire, les tares paternelles et maternelles, fils qu’ils sont des comités et de la masse électorale, engendrés dans la platitude du scrutin d’arrondissement. Ah ! qu’il est étroit et obscur, le scrutin d’arrondissement ! De l’air, de la lumière, du champ, des