Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

argent. Et, cependant, il ne désespérait pas. Dans un moment aussi critique, il avait prié Dieu et il avait entendu une voix qui lui disait : « Ferdinande, non te deseram ; Ferdinand, je ne t’abandonnerai pas. »

Il comprit vite que sa seule chance de salut était auprès de Maximilien de Bavière. Celui-ci l’avait sauvé, une fois déjà, en déclinant la candidature à l’Empire. Il fallait obtenir, de lui, quelque chose de plus, son concours effectif contre les protestans et contre le Palatin. Lui seul avait une armée assez forte et une autorité assez grande pour contre-balancer, en Allemagne, les efforts réunis de tous les adversaires de la maison d’Autriche.

Huit jours après son élection, Ferdinand quittait Francfort pour se rendre en Bavière. Le 28 septembre, il se rencontrait avec Maximilien, venu au-devant de lui, à Augsbourg et, le 8 octobre, un traité secret était signé à Munich, par lequel Maximilien s’engageait à lui venir en aide. Mais celui-ci tirait tout le parti possible de la situation désespérée de son impérial beau-frère. Ferdinand le reconnaissait comme chef de la Ligue catholique ; il s’engageait « à lui rembourser tous les frais de la guerre, à lui laisser en gage, en attendant, tout ce qu’il enlèverait aux rebelles, à le dédommager en Autriche de toute perte de territoire ; enfin, il promettait, verbalement il est vrai, de lui transférer la dignité électorale du Palatin. » Maximilien avait dévoilé ses trames et perçu ses arrhes.

Ferdinand s’adressait, en même temps, à tous les princes catholiques de l’Europe, au Pape, au roi d’Espagne pour obtenir des secours, ou du moins des subsides. Il envoyait des ambassades auprès des princes hésitans, en Allemagne et hors d’Allemagne, c’est-à-dire en Saxe, en Danemark, en Pologne. Mais, surtout, il s’adressait à la France. Dès le mois d’octobre 1619, il avait envoyé à Paris le comte Wratislas de Furstemberg pour demander à Louis XIII non seulement sa neutralité, mais aussi un secours en argent et en hommes. L’ambassadeur avait été reçu en audience solennelle par Louis XIII, le 5 décembre.


Ainsi, le nouvel Empereur, le chef de la liguée impériale d’Autriche, en était réduit à implorer le fils de ce roi Henri IV qui avait fait trembler sa maison et qui avait prétendu la ruiner. Au milieu de l’Europe attentive, et dans le silence qui précède