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métaux actifs, ou plutôt les sels de ces trois métaux, à l’état plus ou moins pur. Ces substances, qui sont jusqu’à cent mille fois plus énergiques que l’uranium, ont permis d’étudier des phénomènes dont la recherche eût été impossible avec les composés uraniques dont on disposait jusque-là.


IV

Il a fallu tout un long travail expérimental pour analyser convenablement les rayons de Becquerel et en démêler la complexité. On peut s’épargner l’examen de cette œuvre, d’ailleurs fort intéressante en elle-même, mais dont le résultat seul nous importe. On connaîtra donc parfaitement le rayonnement des matières radio-actives en se rappelant qu’il est composé précisément de rayons cathodiques et de rayons de Röntgen, primaires et secondaires.

Ces diverses espèces de rayons possèdent des propriétés communes[1]. Et d’abord, il importe d’indiquer un caractère négatif, mais qui présente un haut intérêt parce qu’il différencie l’ensemble de la radiation de Becquerel de la radiation lumineuse ; c’est, à savoir, qu’aucun de ces rayons ne subit la réflexion, la réfraction, non plus que la diffraction, ni la polarisation. Parmi les caractères positifs, la propriété de conduction qu’ils confèrent aux gaz et l’action photogénique, bien marquée chez tous, méritent la première place. Le pouvoir de pénétration est très variable et présente une série de valeurs graduées. Tous ces rayons provoquent la fluorescence ; mais la luminosité spontanée n’appartient guère qu’au seul radium. De plus, ils sont capables d’exercer des actions chimiques diverses : coloration du sel gemme, des sels alcalins, du verre et de la porcelaine en brun ou en violet, suivant la nature de ces corps. Tous favorisent la condensation sous forme de nuage de la vapeur d’eau sursaturée. Enfin, ils diminuent la distance explosive des conducteurs chargés, c’est-à-dire qu’en définitive, ils facilitent le passage de l’étincelle dans l’air.

Venons-en maintenant aux caractères différentiels.

Les rayons de Becquerel, émis par ces corps, sont quelque chose de très complexe et de très hétérogène. Il faut y distinguer, comme dans une faune et une flore abondante, des genres et des espèces. On peut les ranger en deux grandes catégories : ceux qui sont déviables

  1. Les nouvelles radiations. Rayons cathodiques et rayons de Röntgen. Revue du 1er décembre 1901.