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de plomb de la Saxe et de la Bohême et dans les mines d’étain du Cornouailles un minerai lourd, noirâtre, d’éclat gras, la pechblende. On en retire, avec l’urane, le bismuth, le baryum et le thorium. Or, M. et Mme Curie ont constaté que le bismuth, extrait de là, était mélangé d’une substance qu’il est très difficile d’en séparer, à cause de la presque identité de leurs réactions, et qui est douée, à un haut degré, des mêmes propriétés radio-actives que les précédentes ; c’est le polonium — métal nouveau. — Les mêmes physiciens ont constaté l’existence d’un compagnon du baryum, offrant la même particularité ; c’est le radium. Celui-ci a pu être obtenu à peu près pur ; il a un spectre caractéristique ; il est le type le plus achevé et le plus complet des corps radio-actifs. Il possède, à cet égard, une puissance incomparable ; il y a des échantillons de sels de radium, de chlorure de radium, par exemple, qui sont 100 000 fois plus actifs que l’uranium à poids égal. Enfin, M. Debierne a découvert de même un satellite du thorium, l’actinium, qui ne le cède pas, en fait d’activité spéciale, au radium. Dr ces corps, ou plutôt de leurs composés, même à l’état impur, on n’a pu obtenir que des quantités presque insignifiantes. Il faut traiter des tonnes de pechblende, pour en extraire au prix de sacrifices coûteux, — la tonne de pechblende utile vaut 4 000 francs, — et surtout au prix d’un labeur herculéen, quelques centigrammes des précieuses substances.

Le premier résultat de la recherche des corps radio-actifs aura donc été de faire connaître trois corps métalliques nouveaux qui devront allonger la liste des corps simples, si les études ultérieures confirment la distinction établie entre eux et leurs satellites. En même temps, nous voyons grossir le nombre des substances analogues à l’uranium par les qualités de leur émission.

Ce n’est pas tout. Une autre découverte venait, bientôt après, étendre encore le cercle des matières radio-actives, c’est celle de l’induction. Au mois de novembre 1899. P et S. Curie annonçaient que les substances radifères, comme les sels de polonium ou de radium, mis en présence de corps inertes, pouvaient leur communiquer, pour un temps, leur propre vertu. Des plaques de cuivre, d’étain, d’aluminium, de plomb, de platine, de bismuth, de nickel ; des morceaux de verre, de papier, de cire, etc., enfermés dans un même vase avec un composé du radium suffisamment pur se sont montrés capables de produire un rayonnement près de vingt fois plus énergique que celui de l’uranium. Le lavage ne leur enlève pas la propriété qu’ils ont acquise. Cette activité induite persiste plus ou moins longtemps. — Les sels de