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LES
CONDITIONS DU TRAVAIL
DANS LES CHEMINS DE FER

Dans toute opération qui exige beaucoup de main-d’œuvre, on en peut comprendre de deux façons le mode d’emploi :

Ou bien réduire au minimum le nombre des ouvriers chargés de l’accomplir, exiger d’eux le maximum de travail compatible avec leurs forces et leur vie de famille, et cela en vue d’augmenter le plus possible leurs salaires ;

Ou bien appeler un plus grand nombre d’ouvriers à y participer, sauf à limiter la durée du travail de chacun d’eux et par suite son salaire.

Le premier est la pratique générale de l’industrie, qui veut, par l’emploi combiné des machines et de la main-d’œuvre, accélérer le travail, augmenter la production et réduire le prix de revient de l’objet fabriqué.

Le second est la théorie qui se préoccupe surtout de donner au plus grand nombre possible de travailleurs le moyen de vivre de leurs bras et, pour arriver au nivellement des salaires, fait bon marché des inégalités naturelles de l’individu et de son habileté acquise.

Il est malaisé de concilier ces deux systèmes et l’on ne peut guère considérer que comme un desideratum cette affirmation que produisait naguère M. Rouanet à la tribune de la Chambre : Toute l’histoire du progrès économique du XIXe siècle réside dans la diminution de la journée de travail correspondant à de plus hauts salaires, à des économies dans l’exploitation et à l’abaissement du prix des produits.