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littérature et de la philosophie grecque, et même on est presque convaincu en le lisant, et après tout c’est à sa louange, qu’on n’entendrait rien à cette littérature si l’on ne savait à fond tout cela.

Il est sorti de là et des réflexions d’un homme très intelligent, à qui on ne peut reprocher que de mettre son intelligence partout et là même où l’on désirerait plutôt de l’émotion que de l’intelligence, un livre dur et brillant ; extrêmement inspirateur pour ne pas dire suggestif, ce que j’aime autant ne dire pas ; infiniment pénétrant souventes fois, jusqu’à pénétrer aux domaines inquiétans de l’obscurité ; écrit d’un style à la fois imagé et précis qui est excellent et même digne d’admiration ; quelquefois donnant sans précaution et même avec un certain charlatanisme dans le jargon pseudo-scientifique, jusqu’à nous présenter ces propos : « La ligne symbolique de l’évolution n’est donc pas une droite qui monte ou descende régulièrement ; c’est une courbe qui oscille autour d’un axe ; elle fléchit, elle s’élève. Mais lui-même ? Demeure-t-il horizontal ? On peut le croire, non le prouver ; » un livre en somme qu’on voudrait plus simple et plus facile à lire, mais qu’on est heureux de lire et même d’avoir lu et qu’on n’est pas fâché d’avoir lu avec une certaine difficulté et qu’on se félicite, parce qu’on s’en flatte, d’avoir compris. Il intéresse l’amour-propre à le bien entendre. C’est à la fois un petit défaut et un grand mérite.


I

La méthode de M. Ouvré est à peu près la même que celle de M. Brunetière, ou dérive de la méthode de M. Brunetière et en tous cas certain livre sur l’Evolution des genres a eu une très grande influence sur les démarches de l’esprit de M. Ouvré.

M. Ouvré voit dans la littérature grecque d’Homère à Alexandre un exemple excellent, tout à fait lumineux et instructif : 1° de la séparation progressive de la prose d’avec la versification, ce qui est une première différenciation des genres ; 2° de la différenciation progressive des genres à proprement parler, de la subdivision des genres en sous-genres, et des sous-genres en espèces et en familles.

De la séparation progressive de la prose d’avec la versification, il donne des raisons bien justes, bien exactes, et, cette fois, bien simples. Que la prose soit antérieure, dans l’usage courant,