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de femmes, elles sont, pour le moment, l’enseignement libre organisé. Mais, en dépit de nos efforts, comme des services qu’elles ont rendus, qu’elles rendent encore tous les jours, et des « nécessités auxquelles elles répondent, » s’il faut nous résigner à les voir disparaître, ce ne devra donc être pour nous qu’une raison de revendiquer, avec plus d’énergie, le libre exercice du droit d’enseigner. Car, aussi longtemps que des voix libres pourront se faire entendre, auxquelles feront écho des sympathies persistantes, rien ne sera perdu. J’ai assez de confiance dans le pouvoir de la vérité pour croire que le dernier mot finira bien par lui appartenir. J’en ai assez pour ne réclamer en son nom ni moyens de coercition, ni privilèges, ni faveurs, mais seulement la liberté de s’exprimer. J’en ai assez pour croire qu’un grand pays, saura la distinguer tôt ou tard des contrefaçons ou des parodies d’elle-même, à la seule condition qu’on ne nous empêche pas de la répandre et de l’enseigner. Et j’en ai assez pour croire que, dans un pays de suffrage universel, on n’a besoin que de cette liberté pour agiter l’opinion, retourner les majorités, et au besoin changer les ministères et les gouvernemens.


F. BRUNETIERE.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.