Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/945

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

indignation, quand il dévoile toute la vérité, c’est ce que ne manqueront pas d’éprouver à leur tour tous ceux, et ils sont légion, qui liront ce livre.

L’histoire de cette Guerre de trois ans[1], qui a fait l’admiration du monde entier, on la retrouvera sous la plume du général Christian de Wet, l’un des héros de cette lutte par trop inégale et plus dramatique qu’aucune au monde, qui laisse parler les faits, qu’est-il besoin de plus ? et s’est seulement préoccupé de dire toute la vérité sur des événemens qui doivent rester dans la mémoire des hommes et qui valent que, non seulement le peuple afrikander, mais le monde entier, les connaisse. Le journal du combattant, désarmé mais invaincu, reste à la hauteur des actions du chef ; mais, dans cette incomparable épopée, où il rallie les fuyards, relève le moral abattu, bat maintes fois les Anglais, a contre lui la trahison, l’indiscipline des commandos, et, malgré tout, reste imprenable, il ajoute encore, s’il se peut, au caractère de grandeur dont reste revêtue cette figure de l’homme de guerre, qui a plus fait qu’aucun autre pour affirmer la vitalité de sa race, sa valeur, son énergie, et son droit d’être traitée comme une nation dont les hauts faits ne s’effaceront jamais de l’histoire.

Le succès que le plus fameux des romanciers polonais d’aujourd’hui, Henri Sienkiewicz, a obtenu dans le monde entier, avec Quo vadis ?[2], explique suffisamment la magnifique édition en trois volumes qu’achève aujourd’hui la librairie Flammarion, de ce roman animé d’un souffle religieux, où l’auteur a habilement utilisé les témoignages nouveaux des historiens pour mettre en scène sous nos yeux Néron et l’apôtre saint Pierre, et nous dépeindre, avec les premières luttes de la civilisation romaine et de l’esprit chrétien, l’état d’âme de Pétrone et Néron, Vinicius et la pure et noble Lygie. M. Jean Styka a très bien rendu ce contraste dans ses compositions à la fois vigoureuses et gracieuses, sobres et sévères, qui doivent encore renouveler et grandir, s’il se peut, le succès de cet ouvrage, édité avec luxe, et qui réunit désormais tout ce qui peut captiver les yeux et charmer l’esprit.

Ben-Hur[3], prince de Jérusalem, autre roman chrétien du temps de Jésus-Christ, par M. Lewis Wallace, est encore un essai de reconstitution historique, où M. Auguste Leroux a su conserver aux scènes qu’il a peintes ce caractère de simplicité et de grandeur.

Il suffira de signaler aux lecteurs de la Revue cette nouvelle

  1. Juven.
  2. Ernest Flammarion.
  3. Ch. Delagrave.