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LES
LIVRES D'ÉTRENNES

Dans cette abondante production annuelle, si fantaisiste et si mélangée, qui naît au temps de la chute des feuilles et où l’imagination et la science, l’histoire et l’art se donnent libre carrière, ce sont les ouvrages qui associent ce double caractère d’élégance et de solidité qui resteront toujours les plus appréciés. C’est ainsi que, parmi les livres d’étrennes, la superbe édition de Madame de Pompadour[1] ne peut manquer d’être distinguée. Après avoir retracé la vie de Marie-Antoinette Dauphine et Reine, celle de Louis XV et de Marie Leczinska, dont il a donné des portraits d’une ressemblance si parfaite, l’historien consacré du château de Versailles achève aujourd’hui le magistral tableau de la Cour de Louis XV et complète en quelque sorte le récit de son règne par celui du règne de la favorite. Restitués à la lumière de documens nouveaux et inédits, la figure de Madame de Pompadour, son rôle et son influence y apparaissent comme on ne les avait pas encore vus, conformes à la réalité même, et l’on peut dire que M. de Nolhac aura contribué plus qu’aucun de ses devanciers à les faire sortir de la légende pour leur rendre leur véritable caractère. Avec une information étendue et sûre, il a repris page à page la chronique de ces quatorze années cl, grâce à de véritables découvertes, il a pu montrer que la femme de Cour fut très différente de celle qu’on est accoutumé de montrer et que, sans vouloir réhabiliter des temps sans vertu, on doit réviser quelques-uns des jugemens portés sur elle, depuis Richelieu et d’Argenson jusqu’à ses plus récens historiographes, les Goncourt et Campardon, qui sont démentis par des témoignages indiscutables, entres autres par la partie des Mémoires

  1. Manzi, Joyant et Cie.