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l’ex-impératrice et chez l’ex-roi de Rome, jusqu’à la moindre trace de leur séjour en France. Marie-Louise dut renoncer à son titre de souveraine : elle dut consentir à ne plus s’appeler désormais que « l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, duchesse de Parme, Plaisance, et Guastalla. » On lui défendit même d’emporter à Parme son portrait par Gérard, où elle était représentée en impératrice : son père lui promit de lui envoyer bientôt, en échange, une copie de ce portrait, faite par le plus habile artiste de Vienne, mais la représentant avec une autre toilette que l’original. Et quant au petit « prince de Parme, » qui, d’ailleurs, allait bientôt être dépossédé de ce second titre, comme il l’avait été de celui de « roi de Rome, » les intentions de Metternich à son sujet furent, dès le début, celles que le ministre exposait, trois ans plus tard, à Vincent, dans une dépêche française du 26 juillet 1817 : « C’est à nous que doit être réservé le soin de diriger son éducation dans des voies éclairées, et de lâcher de lui faire éviter à lui-même, dans la suite, des écueils auxquels, ce qui est indépendant de nous, de lui et de sa volonté, sa naissance ne peut que trop l’exposer. »

Il y avait, avant tout, à trouver pour le petit prince un gouverneur capable de diriger son éducation « dans les voies éclairées » dont parle Metternich. Après plusieurs mois de recherches, on finit par le trouver. Le 26 juin 1815, sur la recommandation du baron de Hager, Metternich fit nommer gouverneur du « prince François » le comte Maurice Dietrichstein, qui, pendant le congrès de Vienne, avait été attaché à la personne du roi de Danemark. Dietrichstein avait alors quarante ans. Il s’était battu contre les Français sous les ordres de Lacy, puis de Mack, avait été fait prisonnier en 1800, et avait ensuite quitté l’armée pour se marier. Il était assez lettré, homme de goût, et son salon était le rendez-vous des artistes de Vienne : Beethoven, notamment, y venait volontiers. Montbel, et après lui tous les biographes du roi de Rome, affirment que Dietrichstein avait été choisi par Marie-Louise pour diriger l’éducation du petit prince. En réalité, Marie-Louise ne semble pas même avoir été consultée. « J’ai vu hier mon fils, écrit-elle à l’empereur François le 7 juillet 1815 : il vous baise les mains, se trouve fort bien, et a déjà fait connaissance avec le comte Maurice Dietrichstein. A moi, celui-ci me plaît assez, surtout à la condition que vous ne le donniez à mon fils que provisoirement, jusqu’à ce que l’enfant vienne avec moi en Italie ou que j’aie fait un autre choix pour son éducation : car, pour cela, le comte ne me convient point, bien qu’il soit d’ailleurs un excellent homme. » Et quant à la façon dont le petit prince avait « fait connaissance » avec son gouverneur, nous