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REVUES ÉTRANGÈRES

L'ÉDUCATION DU ROI DE ROME


Der Herzog von Reichstadt, ein Lebensbild, par Ed. Wertheimer, 1 vol. in-8o, Stuttgart, 1902.


Le 23 mars 1811, vers onze heures du matin, une chaise de poste entra dans Vienne, par la barrière de Mariahilf, et, après avoir parcouru au galop les rues de la ville, s’arrêta devant le palais de l’ambassade de France. Un jeune officier français en descendit, qui, avec la réserve hautaine d’un homme chargé d’une grave mission, se fit aussitôt conduire auprès de l’ambassadeur. Mais le soldat qui l’accompagnait, et qu’il avait laissé dans la loge du portier, ne se crut point tenu à la même discrétion. Il révéla tout de suite à la femme du portier que lui et son maître, — le chef d’escadron Robeleau, — étaient venus annoncer au comte Otto la naissance d’un fils de l’empereur Napoléon. Ce qu’apprenant, la digne femme, dans l’élan de son bonheur, ouvrit la fenêtre de sa loge et s’écria, le plus haut qu’elle put : « Un petit prince ! » Bientôt la nouvelle se répandit dans la rue, dans les rues voisines. « Quelle joie pour notre bon empereur ! » criait-on. Ce fut, en tout cas, une vraie joie pour tout le peuple de Vienne : car les Viennois, lorsqu’ils avaient vu l’empereur Napoléon, s’étaient bien aperçus qu’il n’était pas l’ogre sans-culotte qu’on leur avait dit ; et ils s’étaient même mis à l’aimer presque autant qu’un de leurs archiducs, lorsqu’il était devenu le mari d’une archiduchesse. Seuls, certains salons de l’aristocratie persévéraient dans leur hostilité. Les bruits les plus fantaisistes ne cessaient pas d’y courir, sur la