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REVUE DRAMATIQUE



VAUDEVILLE : Le Joug, comédie en trois actes par M. A. Guinon et Mme J. Marni. — GYMNASE : Joujou, comédie en trois actes, par M. Henry Bernstein. — ODEON : Résurrection, drame en six tableaux, tiré du roman de Tolstoï par M. Henry Bataille.


La pièce que M. Guinon et Mme Marni viennent de donner au Vaudeville, Le Joug, est brillante, habilement conduite et traitée avec une certaine légèreté de main. C’est un spécimen fort bien venu de la comédie de vie parisienne. L’occasion est donc excellente pour apprécier ce genre aujourd’hui si fort à la mode et qui ne tend à rien de moins qu’à absorber tout le théâtre contemporain, et nous tenir lieu de la comédie de mœurs et de celle de caractères, et des pièces d’observation comme des pièces de fantaisie. C’est vers lui que se sent irrésistiblement attiré tout écrivain qui se découvre un peu d’esprit, et ne se soucie d’ailleurs ni de mettre à la scène les questions sociales ou la vulgarisation scientifique, ni de combiner les quiproquos du vaudeville. De M. Capus à M. Donnay ou à M. Wolff, ce ne sont qu’auteurs parisiens, et de la Renaissance au Vaudeville, en passant par le Gymnase, par les Variétés, par les Nouveautés, ce ne sont sur toutes les scènes que comédies parisiennes. Il y a donc quelque intérêt à rechercher quelles sont les ressources que ce genre met à la disposition des écrivains, ou plutôt à montrer comment les procédés qui lui sont essentiels contribuent efficacement à empêcher les écrivains les mieux doués de nous donner les comédies qu’ils seraient peut-être capables d’écrire.

Il est difficile d’imaginer un personnel plus restreint que celui dont l’auteur dispose dans ce genre : mais surtout il est impossible d’en