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dans les brouillards septentrionaux, la peau trop claire et facilement rougie par le froid appelle pour ainsi dire le vêtement nécessaire à la protéger contre les intempéries.

Après cette digression esthétique, il nous faut revenir aux opinions religieuses de Rosegger, et examiner encore les objections que lui inspire, parmi les institutions pratiques du catholicisme, l’une de celles qui comptent parmi les plus attaquées : la confession. Il en a fait, il faut l’avouer, un singulier usage dans certains de ses écrits. Tantôt[1] il montre un jésuite réduisant un pénitent au désespoir par la rigueur de sa doctrine, et par une interprétation trop littérale des règles canoniques : or, ce n’est certes pas là le reproche adressé d’ordinaire aux enfans de Loyola. Tantôt[2] il prétend, dans un assez maladroit roman-feuilleton, rendre le secret de la confession responsable de la mort d’un innocent : mais il s’y prend si mal que toutes les sympathies vont à la conduite chevaleresque du prêtre qu’il met en scène, et que la discipline de l’Église paraît se confondre exactement avec les lois de l’honneur en cet exemple médiocrement choisi. Plus originale[3], quoique assez malveillante encore, est l’histoire de ce mendiant dévot qui, aussitôt après sa confession mensuelle, va fièrement se placer sur les degrés mêmes de l’autel : puis, au cours du mois, à mesure que sa conscience se charge de fautes nouvelles, descend peu à peu de banc en banc jusqu’au fond du temple, par la connaissance de son indignité grandissante. Il mourut un jour près de l’autel, et, insinue l’auteur, il eût été préférable qu’il expirât au dernier rang, c’est-à-dire à l’apogée de ses sentimens d’humilité chrétienne. — Non pas, répondrons-nous, car l’Eglise n’approuve sans doute sous aucune forme l’orgueil et la vanité ; mais, s’il avait sincèrement le ferme propos qui est expressément requis pour l’efficacité du sacrement, le héros de ce récit était plus parfait, moralement et socialement parlant, après l’absolution qu’avant d’y avoir de nouveau recours.

D’ailleurs, Rosegger a fait lui-même son mea culpa sur le chapitre de la confession dans une charmante anecdote ; et nous1 ne nous refuserons pas le plaisir de la reproduire ici. — C’était lors de ses fiançailles avec la douce enfant qui, venue à Alpel

  1. Der Waldschulmeister.
  2. Das Ewige Licht.
  3. Geschichtenbuch des Wanderers, « les Sept péchés capitaux. »