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portait sur les points permettant le meilleur tir, s’y couchait, ouvrait le feu à son tour, et ainsi de suite ; la ligne la plus en arrière passant toujours dans les intervalles de la plus avancée. Arrivées à très petite portée de l’ennemi, les lignes se confondaient et ne formaient plus qu’une chaîne dense qui, au dernier moment, faisait usage du revolver. Il est intéressant de constater que ces dispositions sont analogues à celles prises par lord Roberts en 1900 dans le Sud Africain.

A plusieurs reprises le général Sheridan a fait connaître ses idées sur l’emploi de la cavalerie dans l’avenir.

L’opinion d’un tel chef, qui pendant cinq ans de guerre a donné des preuves si brillantes de ses capacités, doit être prise en considération et mérite d’être exposée.

D’après lui, la cavalerie agissant à cheval est aujourd’hui sans effet contre une infanterie suffisamment exercée à se servir d’armes à tir rapide. Il n’admet la cavalerie à cheval que contre la cavalerie, et seulement lorsqu’elle n’a pas eu le temps de mettre pied à terre. Il pense que les armes blanches ont fait leur temps et que dans la charge et à plus forte raison dans la mêlée, le revolver seul est efficace.

Cette opinion est d’ailleurs partagée par le plus grand nombre des officiers américains. Ils citent, entre autres, cet exemple, qu’en 1864, un escadron de fédéraux s’étant heurté à un escadron de confédérés de même force, ceux-ci n’ayant fait usage que de leurs revolvers dans une mêlée de quelques minutes, ont tué 24 hommes et en ont blessé 12. Soit au total 36, sur un effectif de 100 hommes environ.

Sheridan veut que le feu de la cavalerie soit aussi destructeur que celui de l’infanterie ; dès lors elle pourra dominer celle-ci, même avec des effectifs moindres, puisque sa mobilité lui permettra d’envelopper l’adversaire et de le soumettre à des feux convergens.

Toute cavalerie manœuvrant à l’européenne serait, dit-il, détruite par le feu de la sienne, capable en outre d’enlever des jonctions de voies ferrées, même solidement gardées par de l’infanterie et protégées par des ouvrages de campagne. Il estime que la cavalerie, aidée du canon, doit pouvoir empêcher la réunion des différens élémens d’une armée, en se portant successivement à la rencontre de chacun d’eux.

A partir de 1862, la manière dont les armées américaines