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prend la direction du Nord, alors que l’ennemi est à l’Est. Il semble ainsi aller au-devant d’un détachement de son armée. Sa première marche est assez courte (40 kilomètres). Le soir, il attend, massé au bivouac, le résultat de ses reconnaissances. Celles-ci rentrent dans la nuit. Elles lui apprennent qu’en longeant la Pamunkay, les premières forces qu’il avait chance de rencontrer étaient à 30 kilomètres dans l’Est, à Old-Church, près de la rivière. Il repart à l’aube. « Personne ne savait encore où j’allais, dit-il dans son rapport, et c’est seulement dans la matinée que je fis connaître confidentiellement mes projets à mes chefs de corps, pour les mettre à même de me seconder en toute occurrence. »

Il se porte sur Old-Church, chassant sur sa route, à Hanover Court-House un parti de 150 chevaux. Bientôt, il trouve la cavalerie ennemie en forces. Il la charge, la met en tel désordre qu’elle ne songe pas à disputer le passage du Totopotomoy. Ce cours d’eau est franchi sous la protection de l’artillerie soutenue par un escadron pied à terre. Près de Old-Church, l’ennemi, qui a reçu des renforts, fait tête. Une mêlée en résulte où le revolver joue du côté confédéré le rôle principal. Les Nordistes, qui ont mis le sabre à la main, ont subi des pertes telles qu’ils ont dû se replier pour ne plus reparaître. Après ce combat, Stuart se trouvait au cœur même de l’armée ennemie dont les camps l’environnaient de toutes parts. « Notre position eût été fort dangereuse, écrit-il, si l’audace et la rapidité de nos mouvemens n’avaient pas plongé l’ennemi dans une stupeur telle qu’il en était devenu inoffensif. »

Stuart avait d’ores et déjà accompli sa mission. Les interrogatoires des prisonniers lui avaient fait exactement connaître toutes les positions de l’adversaire. Mais il s’agissait maintenant d’échapper à son étreinte. Pour le retour, il avait à choisir deux routes. La première, par Hanover, le faisait revenir sur ses pas. Il pouvait trouver l’ennemi coupant la route. La seconde, par West Kent, l’obligeait à courir les chances d’un passage du Chikahominy à la nage, et en tous cas exigeait un effort vigoureux pour traverser les lignes de communication. Il adopte celle-ci, et se porte d’abord sur Garlick’s, près de la Pamunkay River, où il brûle deux transports chargés de munitions et un grand parc de voitures. De là il marche sur Tun-Stall’s Station, y détruit le télégraphe et les magasins. Puis il attaque un convoi