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à entreprendre cette attaque, car il devait faire déboucher ses escadrons dans les intervalles d’une série d’étangs et se former sous le feu croisé de plusieurs batteries. Mais comme il recevait de Frédéric ordre sur ordre et qu’il ne pouvait plus répondre sur sa tête d’une nouvelle désobéissance, il dut se résoudre à l’attaque. Elle fut désastreuse. Ses escadrons décimés durent se reformer en arrière des étangs. Le roi, voulant à tout prix ressaisir la victoire qui lui échappait, lança de nouveau sa cavalerie. Seydlitz repassa les étangs, prit la charge et tomba renversé par un biscaïen. Alors tout s’enfuit. Une escorte de 40 hussards de Zieten sauva Frédéric et couvrit sa retraite en faisant le coup de sabre avec les cavaliers de l’ennemi.

A la fin de la guerre de Sept ans, les dragons et les hussards prussiens ne combattaient plus à pied que rarement. Frédéric II, dans son instruction du 11 mai 1763 pour les colonels de cavalerie, leur dit :

« En ce qui concerne l’instruction individuelle, le cavalier doit savoir manier et charger son arme vite et bien. Les dragons doivent savoir charger, viser, tirer, avancer aussi bien que des régimens d’infanterie.

« Les hussards, pour l’exercice à pied, doivent être bien dressés et mis en état de prendre position derrière des haies et des murs, charger vivement et tirer avec soin, car il arrive souvent que des hussards aient à mettre pied à terre et à combattre de cette façon. »

Des prescriptions analogues se trouvent dans l’instruction pour les inspecteurs de la cavalerie, du 20 juillet 1779. Néanmoins, les dragons se transforment en cavalerie. Sous Louis XVI ils sont devenus cavalerie légère et comprennent 26 régimens. Cette transformation s’accuse plus encore pendant la Révolution. La cavalerie fait volontiers le coup de feu à cheval. Il n’est plus question de combat à pied. C’est ainsi que le 6e dragons attaqué dans ses cantonnemens près de Mayence, en octobre 1795, ne sait se dégager qu’en montant à cheval et en chargeant. Exceptionnellement, on voit des escadrons de dragons mettre pied à terre dans des cas désespérés. C’est ainsi que quelques jours avant la bataille de Saint-Georges, le 8e dragons met pied à terre pour arrêter une colonne de cavalerie ennemie qui cherchait à rentrer dans Mantoue. L’auteur de l’historique semble s’en excuser. « Les dragons ne pouvant bien combattre à cheval,