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perte est indifférente), soutenue d’un logis de cavalerie légère… 200 arquebusiers à pied barricadés à mille pas devant la place de bataille servent à retirer tous les petits logis tant d’arquebusiers à cheval que de chevau-légers.

« Les compagnies d’arquebusiers à cheval servent pour couvrir les logis des armées, aller aux entreprises et faire des dégâts ; tirant à cheval ils ne font rien qui vaille, ils doivent être contraints de mettre pied à terre. Les mousquets sont nécessaires parmi eux pour flanquer les escadrons. Outre leurs armes, doivent porter des cordes et chaînes et faire hayer si la nécessité les contraint. Ils sont grandement nécessaires pour les avances en de méchans logis, couvrir la cavalerie et lui donner le temps de monter à cheval. Barriques dans les églises à demi-lieue de la tête des armées sont très nécessaires pour, par leur perte (de nulle importance) empêcher une surprise. »

Le nom de « dragons » fait son apparition vers 1562, sans que l’étymologie en soit donnée. Il semble que ce fut d’abord un sobriquet bientôt devenu glorieux et dont à juste titre ceux qui le portaient étaient fiers. On le trouve dans la Satire Ménippée et dans l’énumération de l’année du maréchal d’Aumont en 1589, savoir : « la noblesse de Champagne, 13 enseignes de Suisses, 2 régimens français, 2 compagnies de cavalerie légères et 3 d’arquebusiers à cheval, qu’on nommait dragons. » On les appelle aussi carabins et le vieux terme d’argoulets s’emploie toujours.

Henri IV assiégeant Rouen en 1591 va reconnaître l’armée de secours avec 1 500 cuirasses et 1 500 argoulets. Il rencontre l’ennemi en forces considérables à Aumale. Il fait mettre pied à terre à 200 arquebusiers « qu’on appelait dans ce temps-là dragons » (dit Sully), pour amuser l’ennemi pendant que le gros se dérobe. Quoique le rôle des dragons se soit développé, la cavalerie n’en est pas moins à cette époque la souveraine de la bataille. Toutefois, elle est maintenant forcée de compter sérieusement avec l’action du feu. La bataille de Fontaine-Française en donne la preuve.

L’armée de la Ligue sous les ordres du duc de Mayenne venait d’opérer sur la Haute Saône sa jonction avec celle du connétable de Castille pour secourir la garnison du château, de Dijon assiégé par le maréchal de Biron. Henri IV, qui était à Troyes, résolut de se porter rapidement, avec un simple détachement, sur la