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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre.


Depuis qu’elle est élue, la Chambre des députés n’a encore rien fait ; mais elle s’apprête évidemment à faire de grandes choses, puisqu’elle a nommé seize grandes commissions. On aurait tort de croire que ce soit là une réforme insignifiante : il n’y en a guère de plus importante, et les conséquences en seront très graves. La Chambre s’organise en Convention. La Convention gouvernait autrefois au moyen de ses comités ; la Chambre cherche aujourd’hui à s’emparer du gouvernement et à l’absorber au moyen de ses commissions. Il y a toujours eu un certain nombre de grandes commissions qui duraient pendant toute une législature, la commission de l’armée par exemple, ou encore celle de la marine. La nature des choses le veut ainsi, et le fait a plus d’avantages que d’inconvéniens, pourvu qu’on ne le généralise pas. Mais, si l’on en tire un système, et si l’on applique ce système à tout, c’est l’inconvénient qui est supérieur à l’avantage, et même de beaucoup.

L’activité parlementaire s’exerce sur un certain nombre d’objets dont le caractère est limité, et qui correspondent dans le gouvernement à un même nombre de ministères. Le système des grandes commissions aboutit dès lors, dans la pratique, à mettre une commission à côté de chaque ministère, et il est inévitable qu’une lutte d’influence s’établisse entre le ministère et la commission, pour se disputer la réalité du gouvernement. Dans certains départemens ministériels, le mal atteindra très vite son maximum d’intensité, et nous ne voyons pas comment vivront en face l’un de l’autre le comité ou la commission des Affaires étrangères et le ministère qui porte ce nom. Il y a une douzaine d’années, on avait déjà proposé d’organiser ainsi