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laquelle il atteindra son état de repos. — L’effet de variation est d’autant plus marqué que l’on observe des verres de composition plus compliquée. On comprend que ceux qui contiennent en quantités comparables les deux alcalis soude et potasse soient plus sujets à ces modifications que ceux de composition plus simple qui sont à base d’alcali unique.


Lorsqu’une tige cylindrique de métal, encastrée à ses deux extrémités, une éprouvette, — comme l’on dit en métallurgie, — est soumise à une traction puissante, elle subit un allongement souvent considérable, dont une partie disparaît dès que cesse l’effort, et dont l’autre subsiste. L’allongement total est donc la somme d’un « allongement élastique » temporaire et d’un « allongement permanent. » Si l’on continue l’effort, on voit apparaître en un point de la tige un étranglement, une striction. C’est là que la barre se brisera. Le métal, qui était mou dans les autres points, a pris ici l’aspect du métal trempé : il ne s’étire plus, il casse, et la surface de cassure est parsemée de grains brillans.

La barre étranglée étant soumise à l’action du tour et ramenée, par là, à la forme cylindrique, est soumise une seconde fois à la même épreuve. Il se forme un nouvel étranglement en un autre point. Si l’on renouvelle l’expérience un nombre de fois suffisant, le résultat sera une transformation totale de la tige qui aura durci dans toute son étendue. Elle sera, en même temps, devenue incapable de subir un allongement un peu considérable : elle ne pourra guère que se briser, si la traction est assez énergique.

Les aciers au nickel présentent ce phénomène à un degré exagéré. L’alternance des opérations que nous venons de décrire, qui amènent la barre d’acier ordinaire à l’état de trempe, n’est pas nécessaire, avec l’acier au nickel : l’effet est produit au cours d’une seule épreuve. Dès qu’en un point il se manifeste une tendance à l’étranglement, l’alliage durcit en ce point précis ; la striction se marque à peine ; le mouvement s’arrête en ce point pour s’amorcer en un autre point faible, s’y arrêter encore, s’amorcer en un troisième, et ainsi de suite. Et, finalement, on se trouve en présence de ce fait paradoxal, qu’une tige de métal, qui était à l’état mou, qui a pu s’allonger considérablement, est devenue maintenant, dans toute son étendue, dure, fragile, inextensible, comme un acier trempé. C’est à propos de ce fait que M. Ch. Guillaume a prononcé le mot de « résistance héroïque à la rupture. » Les choses se passent, en effet, comme si la barre de