la mort du roi et la dissolution brutale du Long-Parlement. A quoi ont-ils abouti ? Quelle grande idée ont-ils fait prévaloir ? Quel bien est sorti pour la cause que Cromwell prétendait servir de ces deux coups de force ? Comme le remarque avec justesse M. Morley, le matin du 30 janvier, le roi s’appelait Charles Ier ; il était désarmé, sans force et prisonnier de ses ennemis, accablé, par surcroît, des mille responsabilités dont l’avaient chargé ses fautes et sa duplicité. Le soir de ce même jour, le roi s’appelait Charles II ; il était libre, entouré d’amis, dégagé de tout lien avec le passé. Sa politique était l’ardoise sur laquelle on vient de passer l’éponge. Et, encore, lorsqu’il jetait à la porte les derniers débris de cette grande assemblée dont il était membre, que faisait Cromwell ? Il brisait en deux son propre parti, rendait définitif et irréparable le divorce de l’élément civil et de l’élément militaire, de la légalité et de la force ; il se privait à jamais du concours de ceux qui représentaient encore la richesse, l’intelligence, la tradition et, par conséquent, travaillait à l’inévitable restauration des Stuarts. Ainsi va, au jour le jour, cette politique de hasards et d’expédiens qui change de méthodes et de maximes suivant l’humeur du maître et le tour que prennent les événemens. Elle peut assurer l’ordre matériel pour l’heure présente, mais ne peut répondre du lendemain. Dans un de ces accès de bonhomie et de franchise qui ramènent vers lui l’estime, sinon la sympathie, il a résumé ainsi sa carrière : « J’ai été le constable de la paroisse, rien de plus ! » Mais, à d’autres jours, il s’est livré à d’amères récriminations, rejetant sur des inférieurs, sur les comparses du drame, la responsabilité de ses propres actes. « C’est pour vous que j’ai fait ceci. C’est vous qui m’avez conseillé cela ! » A l’entendre, on croirait qu’il n’a été que le bouc émissaire, l’homme de peine de la Révolution, celui qu’on a chargé de toutes les besognes difficiles ou désagréables.
Ceux qui croient en Olivier nous disent : « Demandez à sa religion le secret de sa politique, car c’est l’une qui gouverne l’autre. » Cherchons la religion de Cromwell.
Tout d’abord dans cette recherche, on éprouve une impression de soulagement et comme de rafraîchissement. On échappe aux arguties théologiques du temps, au dogmatisme intolérant, aux subtilités d’interprétation qui divisent les sectes. On n’a plus devant soi que la Loi pure et simple ; on croit entrevoir une religion large, ouverte à tous. Cromwell accepte les saintes