Mes camarades restèrent consternés au rez-de-chaussée. Le geôlier redescendit bientôt et ressortit en fermant les portes avec fracas et en jurant comme un furieux. Mes camarades me crurent perdu.
En réalité, il n’avait rien vu qu’un mannequin que j’avais installé dans mon lit. Comme il n’avait pas de lumière, il avait cru que j’étais couché, que je dormais ; et il était redescendu très en colère de ne pas pouvoir comprendre pourquoi M. Cocault l’avait dérangé.
Ce ne fut que le lendemain, après la promenade du matin, qu’il s’aperçut de mon absence. Il me chercha partout, sous tous les meubles, dans tous les coins de la prison et de la fortification, avant de rendre compte au gouverneur.
On ennuya nos camarades de questions pendant trois ou quatre jours.
Puis, à l’apparition d’un article de l’Indépendance belge, qui reproduisait ma lettre de Wiesbaden et qui fit le tour de la presse allemande, on les laissa en paix et ils achevèrent dans les mêmes conditions leur temps de captivité.
Le geôlier fut puni de quinze jours de prison, et encore les lui leva-t-on à l’occasion du nouvel an.