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d’autruches privées… Le mil règne en maître partout[1]. » On trouve aussi, outre de nombreuses variétés de légumes, du blé, du tabac, de l’indigo, et surtout une plante, bien plus importante au point de vue mondial, le coton.

On a vu combien Barth avait été frappé des nombreuses et parfois importantes cultures de coton dans le Soudan. Le témoignage de M. Foureau n’inflige encore sur ce point aucun démenti à Barth ; car, à chaque instant depuis l’Aïr, le mot de coton revient sous sa plume, comme celui de Baumwolle sous celle de Barth. Dès l’Aïr, aux environs d’Agadez, le coton lui apparaît[2]. Il ne le quitte pour ainsi dire plus. On le retrouve à chaque pas dans le Damergou, dans le pays de Zinder, dans le Bornou et sur les deux rives du Tchad. Ce ne sont souvent que des jardinets et de petits carrés ; mais cela tient, sans doute, d’une part, à l’insécurité et, d’autre part, à ce que la demande du coton est purement locale, toute exportation en étant impossible par le prix des transports. Cependant les cultures deviennent de place en place plus importantes, et on les arrose ou on les irrigue. Alors, il ne s’agit plus de jardinets, mais de « champs de coton ; » cette expression revient fréquemment, et ils sont assez étendus pour que la mission y campe : « Cette brousse cède alors la place à des champs de coton… ; c’est dans ces champs de coton que nous campons. » Aux environs de Kouka détruite, la plaine « est jonchée de dépressions dont le sol noir a été cultivé jadis en coton et en mil… » Plus loin, « sur le bord des étangs et entre le camp et la rivière (le Komadougou), s’étendent des cultures d’orge, de blé et de coton qui s’arrosent au moyen de perches à bascule puisant l’eau en contre-bas dans ces divers réservoirs… » Plusieurs fois, pour la région est et sud-est du Tchad, le Journal parle de ces irrigations de coton. D’après nombre de passages, il est clair qu’il ne s’agit plus de cultures sporadiques et insignifiantes[3].

Le point important, d’ailleurs, ce n’est pas l’étendue actuelle de ces cultures de coton pour un marché restreint, c’est la fréquence de ces cultures indiquant une parfaite adaptation de la plante au pays. De toutes les matières végétales, en dehors de

  1. Mission saharienne, p. 579, 595.
  2. Ibid., p. 420.
  3. Ibid., p. 493, 499, 509, 570, 574, 595, 601, 606, 611, 612, 613, 615, 617, 627, 632, 637, 639, 641, 666, 668.