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l’Afrique et de l’Europe se rencontrent à Zinder ; les magasins d’un riche marchand, Mallem-Yaro, le personnage le plus important du pays après le sultan, sont bondés des marchandises les plus diverses, y compris des boîtes de parfumerie d’origine française, des bouteilles d’absinthe et d’eau de Hunyadi-Janos.

On remarque à Zinder nombre d’ouvriers habiles : d’une part, des teinturiers, le pays produisant de l’indigo et d’autres produits colorans, certains d’origine minérale et faisant un très grand usage de couleurs et de vernis pour enduire ou décorer l’intérieur des maisons ; de l’autre, des selliers et des cordonniers, la région fournissant du cuir en abondance et l’habitude des riches harnachemens pour les cavaliers des classes riches étant très répandue ; enfin, des forgerons-orfèvres ; le travail du fer et du cuivre est très bien compris à Zinder, et cette observation est très importante. Il est fait dans cette ville comme dans toute la contrée, suivant la remarque de Barth que nous avons reproduite plus haut, un très grand emploi du cuivre ; M. Foureau le remarque aussi, les forgerons indigènes fabriquent des bijoux de femmes et se transforment, à l’occasion, en orfèvres ; ils fondent l’or et l’argent ; « ils produisent aussi des mors de brides, des chaînettes de brides et des têtières de brides assez élégantes, ornées de découpures de cuivre, de fer-blanc et de petits grelots de cuivre assez artistiques. Indépendamment de ces divers bijoux, les femmes haoussa portent d’énormes bracelets de cuivre rouge ou de cuivre jaune (laiton) qui pèsent jusqu’à deux ou trois kilogrammes. » Certaines femmes en portent jusqu’à deux à chaque bras ; on fait aussi de plus petits bracelets mi-partie en cuivre rouge, mi-partie en laiton. Si l’on ajoute que M. Foureau a vu cinq canons de cuivre fondus à Zinder même[1], on aura bien des indications de l’abondance de ce métal dans ce pays et l’on en conclura que, suivant les probabilités, les anciennes mines de cuivre, dont Barth a, par la renommée, constaté l’existence entre l’Aïr et Zinder, ne doivent pas être épuisées ou qu’il s’en trouve d’analogues. Ce serait là un fait capital. Un autre fait qui tendrait aussi à le démontrer, c’est que l’on vend couramment sur les marchés dans le Bornou « du soufre cristallisé, dont, dit M. Foureau, je n’ai pu savoir la provenance[2]. » Or, le cuivre et le soufre sont des matières que l’on trouve dans les mêmes

  1. Mission saharienne, p. 505.
  2. Ibid., p. 634.