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étage et des terrasses. Les salles du rez-de-chaussée sont soutenues par d’épaisses colonnes en toubes (briques séchées) d’un gros diamètre, dont quelques-unes sont ornées de dessins en relief, soit en nervures droites, soit en hélice. »

La ville de Zinder occupe une surface d’environ 125 hectares, entourée de murailles en terre de 9 à 10 mètres de hauteur et de 12 à 14 mètres d’épaisseur à la base aux environs des sept ouvertures, qui sont fermées chacune par deux portes en bois, bardées du haut en bas de lamelles de fer. D’un mamelon situé à l’intérieur de l’enceinte, « on jouit d’une vue merveilleuse sur la plaine uniformément recouverte de grands arbres : baobabs, korna, téboraq, gao, grands gommiers, quelques agouas et quelques doums… L’aspect général de Zinder est riant et heureux. Cette impression est due à la diversité des cases et des maisons, à la dissymétrie avec laquelle elles sont placées, enfin et surtout aux nombreux arbres qui s’élèvent un peu partout dans un artistique désordre, semant des multiples taches sombres de leurs frondaisons le fond plus clair des constructions… Elles sont par moitié à peu près en maisons de briques de terre séchées au soleil (toubes) et le reste en paillottes de formes assez diverses et au toit conique… Quant aux constructions en toubes à forme cubique, elles sont faites à la manière arabe avec terrasses ; leurs contours, en même temps que leurs masses un peu épaisses, ont été évidemment inspirés par des souvenirs de l’art égyptien. L’ornementation intérieure elle-même se rapporte au même style[1]. » Ce ne sont donc pas des tribus noires primitives et déprimées que l’on rencontre dans ce Soudan central, ce sont des peuplades policées, qui ont, venant sans doute d’Egypte, comme le fait remarquer souvent M. Foureau, de vieilles traditions de civilisation. Les hommes sont très bien faits et surtout les femmes. « Leurs bustes de bronze luisant sont, le plus souvent, d’un irréprochable dessin, et plus d’un sculpteur serait heureux de posséder de semblables modèles. » La ville est pleine de vie, le marché très animé et bien pourvu. Le quartier de la boucherie se trouve en dehors du grand marché ; « les indigènes qui vendent de la viande n’abattent, en général, que des animaux très gras, surtout des moutons, la viande qui en provient est de très belle qualité. » Tous les produits manufacturés de

  1. Mission saharienne, p. 504, 510, 512, 514.