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citronnier, le mil, le maïs, le riz, les dattiers, etc., en un mot tous les produits soudanais, poussent en abondance. Le climat y est admirablement sain, aussi ne crains-je pas d’affirmer que ce pays est appelé à un grand avenir, sinon pour la grande, du moins pour la petite colonisation[1]. »

Le témoignage de ce brillant officier confirme celui de Barth ; est-il infirmé par la déposition de M. Foureau, qui fit à Zinder une station de cinquante-six jours ? En aucune façon. Sans être aussi dithyrambique, le chef de la mission saharienne est tout aussi catégorique sur l’aspect favorable des lieux et des hommes ; aux approches de la ville, il est reçu par le sergent français Bouthel, homme remarquable qui, en l’absence du capitaine Joalland, parti pour contourner le Tchad, commanda longtemps et avec un rare succès un petit poste de Sénégalais occupant le pays pour la France. Laissons narrer par M. Foureau la réception faite à la mission saharienne aux abords de Zinder : « A droite, Bouthel et ses Sénégalais présentant les armes ; à gauche, une masse épaisse de cavaliers de Zinder avec, en tête, le sultan Ahmidou et Mallem-Yaro, splendidement montés et équipés, accompagnés de la foule de fonctionnaires qu’exige l’étiquette des sultans noirs. Le sultan et Mallem-Yaro s’avancent pour nous saluer et nous souhaiter la bienvenue, puis nous précèdent avec leurs innombrables cavaliers ; nous les suivons aussitôt vers Zinder. Cette réunion bigarrée, scintillante, dans laquelle se voient de très beaux chevaux richement harnachés ; ces galopades et ces envolées de fantasia dans la poussière sont un magnifique spectacle au milieu des blocs de granit des collines et des arbres des vallées[2]… » L’auteur, enthousiasmé, poursuit longtemps encore cette description. Il réside, en dehors de la ville, dans un bloc de constructions qu’un riche commerçant, cité plus haut, Mallem-Yaro, a donné à la France et qui a pris le nom de Fort Cazemajou, en mémoire de l’infortuné capitaine français qui fut assassiné à Zinder, un an auparavant. « Le tata du commandement, la plus importante des constructions de pisé, est un édifice massif rappelant comme extérieur les maisons de Djenné, si bien décrites par M. Dubois, et, quant à l’intérieur, les dispositions sont identiques à celles des belles maisons arabes d’Algérie, mais le tout en terre seulement. Ce tata comporte un

  1. Bulletin mensuel du Comité de l’Afrique française, juin 1901, p. 196.
  2. Mission saharienne, p. 500.