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supposer que la population de cette région est assez dense. La campagne est riante et semble une plaine cultivée de France[1]. » Elle garde cet aspect jusqu’à Zinder, ville qui appartient vraiment au Soudan. « Il est très important ici d’avoir un guide, attendu que dans ces cultures les sentiers sont fort nombreux ; ils se croisent, se côtoient et s’entrecoupent de telle sorte qu’on s’égarerait très facilement. » Aux vastes cultures de mil, se joignent des cultures de coton, d’une étendue restreinte, mais très fréquentes, ce qui a une importance considérable comme preuve que cette plante précieuse est bien acclimatée dans le pays. Les villages se succèdent à de courts intervalles, ou se groupent par deux ou trois, gros et peuplés. Les huttes en paille tressée et d’une forme pittoresque sont souvent « couvertes de diverses cucurbitacées, courges ou pastèques, qui les tapissent entièrement d’un manteau de verdure d’un pittoresque et charmant effet. » La végétation arborescente se joint parfois avec splendeur et s’entremêle aux cultures diverses. « Nous sommes dans une belle vallée, dont tout le terrain est couvert de plantations de mil, où surgissent çà et là des jujubiers énormes et sous l’ombre desquels plus de cent chevaux (c’est M. Foureau qui souligne ces mots) pourraient tenir à l’aise. En dessous du village, s’étend un grand enclos composé d’une multitude de petits jardins extrêmement bien entretenus. Les planches de semis sont parfaitement droites ; les canaux d’arrosage reliés aux puits sont très soignés ; chaque jardinet est entouré d’une haie en branches sèches de korna ou d’une haie vive de plantes du pays. Les indigènes fument parfaitement ces jardins et j’y trouve des tas de fumier parfaitement relevés en attendant le moment de l’épandage. » et ce n’est pas un village exceptionnel qui offre ces cultures soignées, c’est tous : « Les villages sont très peuplés et les habitans paraissent industrieux et travailleurs ;… tous les villages, en principe, s’élèvent auprès d’une mare et possèdent de petits jardins plantés de cotonniers. » Ils ont de grands troupeaux de bœufs et de moutons ; « tous leurs animaux sont en très bon état. » Les habitans se montrent très accueillans : « Tous les gens des villages environnans sont affables et nous vendent des moutons et du mil dont nous avons besoin ; ils apportent des volailles, des fromages secs, un peu de lait, des pastèques, des

  1. Mission saharienne, p. 486.