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de lions, et, comme oiseaux, des pigeons, des merles, des alouettes, perdrix, cailles, etc. Le sol paraît fertile, tout au moins dans les dépressions ; on y trouve du mil qui pousse sans culture : « Tout le long du sentier, du mil mûrit ses panicules élevées, plantes provenant de grains tombés des charges de caravanes antérieures sans doute. » Dans la deuxième partie du trajet, les arbres deviennent fort beaux, les graminées hautes. « En résumé, toute cette région du Tagama, que nous venons de traverser, est une immense forêt ou mieux un hallier ininterrompu composé de petits arbres, clairsemés en général, mais en somme on a l’impression d’un taillis sans limite, dont le sol est de terre argileuse recouverte, en nombre de points, qui font du reste la majeure partie de sa surface, par une mince couche de gros sable ou de reg fin de quartz. Le Tagama nourrit une immense quantité de gibier, poil et plume[1]. »

Notez que le Tagama, où se trouvent cette abondance et cette diversité de vie, animale et végétale, où des grains de mil tombés des sacs d’une caravane lèvent sans aucune culture et « mûrissent des panicules élevées, » est classé géographiquement comme une partie du Sahara et que, par conséquent, l’imagination se représente cette contrée comme une uniforme étendue de sable mouvant, vouée à l’éternelle stérilité.

Le Damergou, qui suit le Tagama, est une sorte de marche entre le Sahara et le Soudan ; mais nombre de géographes le placeraient encore dans la première de ces régions. On a vu le tableau favorable qu’en faisait Barth ; voyons maintenant celui qu’en trace M. Foureau. Il n’en a traversé que la partie occidentale, c’est-à-dire qu’il ne l’a qu’effleuré, lui-même le déclare ; la partie la plus importante de ce pays, celle où se rencontrent surtout les populations exclusivement sédentaires et agricoles, se trouvant à l’est du tracé qu’il a suivi. Mais ce qu’il en a vu est tout en faveur des lieux et des habitans. « Dans le Damergou, l’horizon s’élargit, on aperçoit au loin des collines et même de petites chaînes basses, rocheuses. Nous entrons dans des cultures de mil que nous n’allons plus quitter jusqu’au campement. Ces plantations, dont le grain est récolté, mais dont les tiges restent debout, sont faites en ligne droite et demandent une main-d’œuvre relativement considérable, ce qui permet de

  1. Mission saharienne, p. 473, 475, 476, 477, 478, 480, 482, 484, 485.