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12 septembre, gouttes de pluie ; 16 septembre, également[1].

L’Aïr, même dans une année particulièrement sèche, comme le reconnaît M. Foureau, reçoit donc des pluies fréquentes, parfois très abondantes. De là cette végétation, soit herbacée, soit arborescente, qui, au témoignage de cet explorateur, devient en maint endroit tout à fait luxuriante. Aussi les chèvres, les moutons, les bœufs, les ânes abondent dans le pays. Quoique les Touareg, maîtres de la contrée, cherchassent à lui mesurer les vivres, la mission trouvait à acheter journellement à Agadez plusieurs dizaines de moutons et de chèvres et jusqu’à une centaine en un seul jour. « La viande des moutons de ce pays est excellente[2]. » On se plaint quand on ne trouve à acheter un jour que 8 moutons ou chèvres. Y a-t-il beaucoup de bourgades françaises où des achats de ce genre eussent pu se faire avec cette continuité pendant des mois ?

L’Aïr est surtout un pays de pâturages ininterrompus ; la population, toutefois, s’y livre aussi à des cultures, très diversifiées même, avec recours, en général, à l’irrigation ; dans des jardins, outre des dattiers, on produit du miel, des légumes divers, tomates, oignons, haricots, pastèques, courges, henné, du tabac et du coton, quoique ce ne soit que plus au sud que cette dernière et si intéressante culture prenne du développement[3]. Ces cultures sont assez soignées, et l’on prend un soin tout particulier des bœufs, que l’on abrite du soleil alors qu’ils font la manœuvre des puits.

Les villages ont une certaine importance et sont parfois très voisins les uns des autres. M. Foureau évalue à 700 âmes la population d’Iferouane, à 1 millier celle d’Aguellal, à autant celle d’Aoudéras ; mais bien d’autres villages sont indiqués par l’auteur : Séloufiet, Tintaghodé, nombre d’autres, outre qu’il ne les pas tous visités. Il se trouve aussi beaucoup de villages ruinés, particulièrement à cause de l’insécurité. Quant à Agadez, quoique déchue d’une ancienne grandeur réelle, c’est une véritable ville ; elle compterait comme telle en Algérie ou en Tunisie, elle occuperait, par exemple, dans cette dernière contrée, le cinquième rang. Barth, qui en a fait une description détaillée

  1. .Mission saharienne, p. 277, 281, 302, 308, 312, 313, 318, 327, 361, 370, 385, 386, 387, 405, 408, 410, 413, 421, etc.
  2. Mission saharienne, p. 437.
  3. Mission saharienne, p. 339, 346, 420.