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ensuite sur une très vaste plaine[1]. » On rencontre des rivières intermittentes, des pacages assez fréquens, sinon continus, des groupes fixes d’habitans et des troupeaux. Tadent, lui-même, est situé le long d’une rivière, à eaux intermittentes comme presque toutes celles dont il est ici question, « artère assez importante, dit le journal, et de moyenne largeur, qui forme une belle vallée peu tortueuse[2]. »

De Tadent à In-Azaoua, un peu au-delà du puits d’Assiou, s’effectue la descente du Tassili, de 1 173 mètres à 508 mètres d’altitude ; elle prend sept jours, du 27 janvier au 2 février, et comporte 300 kilomètres ; « c’est « une interminable plaine avec un semis irrégulier de rocs sporadiques[3]. » On se trouve dans le Sahara méridional et le climat a changé ; cette section, assez courte, est la plus pauvre en eau et en pâturages. Il y a toujours quelques oueds, cependant, et il n’est guère douteux que des recherches et des soins n’y trouvassent et n’y maintinssent des points d’eau. A partir d’Issala, qui se trouve à peu près au tiers du chemin, entre Tadent et In-Azaoua, nous avons deux témoignages, au lieu d’un. Barth, en effet, a suivi d’Issala à Zinder, porte du Soudan, à peu près la même route que la mission Foureau, et il décrit ce trajet avec sa minutie et son esprit scientifique habituels. Il fit ce trajet au mois d’août, tandis que M. Foureau le fit en janvier, ce qui complète et varie encore les renseignemens. Barth relate dans cette partie si ingrate du trajet plusieurs orages et de très fortes pluies pendant plusieurs jours consécutifs. Des puits auxquels s’était abreuvée sa caravane ont, depuis lors, disparu : à Issala, moitié route à peu près de Tadent à In-Azaoua, outre un puits (Brunnen), il note de grands taillis d’éthel, et des pacages ; on y fait provision de fourrage et de bois[4]. A Assiou même, « vaste dépression ; cuvette immense, qui est plutôt un lit de rivière. » dit M. Foureau, on comptait, d’après la légende, 101 puits donnant de l’eau, Barth lui-même y signale deux groupes de puits vivans, et aujourd’hui l’on n’y trouve qu’à grand’peine de quoi remplir quelques outres[5]. Cela doit tenir à l’incurie et à la négligence des

  1. Mission saharienne, p. 90 et 94.
  2. Ibid., p. 121.
  3. Ibid., p. 128.
  4. Barth, Reisen und Entdeckungen in Central Africa, Justus Perthes, 1857. t. 1er , p. 303 et la carte 4 du même volume.
  5. Mission saharienne, p. 133.