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vers l’ouest, et la route nous fait remonter un de ses affluens de gauche où la végétation est fort belle et composée de gommiers, de graminées vertes et d’autres essences ; on dirait presque d’une prairie émaillée d’arbres. » Le 23 février : « Le lit du Tidek contient de beaux arbres, gommiers et adjar… Sur ces arbres se trouvent en grand nombre des nids d’oiseaux, etc.[1]. » En fait, la mission a pu s’approvisionner de bois, sinon chaque jour, du moins chaque semaine, et, quand le bois manque, le journal le remarque, ce qui prouve bien que l’absence continue sur un long espace de plantes arborescentes est exceptionnelle. A trois reprises, il s’exprime ainsi, le 8 janvier 1899 : « Il n’apparaît pas même l’ombre d’un fétu de bois ; » le 11 janvier : « Ici ni bois ni végétation ; » on est dans le Tassili ; enfin le 30 janvier, dans la marche de Tadent à In-Azaoua, la région saharienne la plus désolée : « Bois et végétation sont choses inconnues ici[2]. » Ces trois mentions témoignent bien que les espèces arborescentes, ainsi que le journal le relate fréquemment, se rencontrent sur la plus grande partie du parcours.

A plus forte raison en est-il ainsi de la végétation herbacée. Le Sahara nourrit une quantité de plantes, la plupart fourragères ; c’est ainsi qu’on s’explique que les caravanes y trouvent leur pâture et que même les 1 200 ou 1 300 chameaux de la mission Foureau-Lamy et de ses convois auxiliaires aient pu, non sans doute sans quelques jeûnes intermittens, fort explicables pour une aussi grande quantité de bêtes, arriver à se sustenter. Le drinn, le sbot, le necin, le mrokba, le had, le harta, le ghessal, le tarfa, l’ana, ce dernier surtout dans la partie méridionale, sont les plantes fourragères les plus usuelles ; les meilleures et heureusement les plus répandues paraissent être le drinn et surtout le mrokba. M. Foureau nomme nombre d’autres plantes qui trouvent à vivre dans le Sahara, le djédari, le falezlez, le gouzzal, le lemnad, le laurier-rose, le kormuka, l’adjac, etc. Pour n’être pas un tapis ininterrompu de plantes fourragères, le Sahara en est rarement dépourvu sur un long espace continu. Il nous serait facile de reproduire ici, s’appliquant même à certains des districts les plus désolés du Sahara, des descriptions de M. Foureau, qui témoignent que la végétation y est parfois fort belle.

Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une végétation spontanée,

  1. Mission saharienne, p. 154, 155.
  2. Ibid., p. 89, 93.