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examinions, à la suite des extensions de nos possessions africaines et des incidens de Fachoda, la possibilité et l’utilité de l’exécution du chemin de fer transsaharien et où nous concluions à l’urgence de l’exécution de cette grande œuvre[1]. Nous allons revenir sur ce grand sujet, en l’étudiant avec des documens nouveaux. Ils sont assez nombreux et jettent une nouvelle clarté sur ces questions d’un intérêt capital pour la civilisation et, surtout, pour la France. Quel est l’avenir du Sahara ? Quel est l’avenir du Soudan central ? Quelles facilités offre la nature des lieux pour relier la Méditerranée au centre de l’Afrique par une ou plusieurs voies ferrées ? Quelles espérances donnent cette même nature des lieux et la nature des hommes pour la rémunération de pareilles entreprises ?

Parmi les documens nouveaux où nous allons puiser des renseignemens précis, citons d’abord deux ouvrages de la plus haute importance : l’un, le livre de M. Foureau, Mission saharienne Fourreau-Lamy, D’Alger au Congo par le Tchad[2] ; l’autre, la Chute de l’Empire de Rabah, de l’administrateur colonial Gentil[3]. Outre ces deux volumes, qui ont une importance prépondérante, d’autres relations récentes de voyages et de conquêtes présentent aussi de l’intérêt, par exemple celle du capitaine Joalland, qui a parcouru tout le rectangle de 360 à 400 kilomètres de longueur, faisant partie de nos possessions, du sultanat de Zinder et toute la rive septentrionale et orientale du lac Tchad, notamment le Kanem[4].

Il sera utile de rapprocher les observations recueillies par ces explorateurs, ayant un but officiel précis, de celles des voyageurs antérieurs, notamment des informations si précieuses de Barth, celui de tous les hommes ayant parcouru ces régions de l’Afrique qui était pourvu de la plus forte préparation scientifique, qui y a fait le séjour le plus prolongé et leur a consacré l’ouvrage à la fois le plus étendu et le plus méthodique[5]. Nous pouvons dire dès maintenant que, à cinquante années de distance, sauf des différences tenant aux diversités des saisons et surtout

  1. Voyez la Revue du 15 juillet 1899.
  2. D’Alger au Congo par le Tchad, par M. F. Foureau, 1 vol. in-4o ; Masson et Cie.
  3. Librairie Hachette.
  4. Bulletin du Comité de l’Afrique Française, juin 1901.
  5. Nous nous référerons à l’édition originale allemande du livre de Barth, qui contient de très nombreuses cartes : Reisen und Entdeckungen in Nord und Central Africa, von Dr Heinrich Barth, Gotha, Justus Perthes, 1857.