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aurait-il une moindre dans ses fonctionnaires, puisqu’il juge à propos de leur adresser une admonestation presque sévère ? C’est possible. Peut-être a-t-il voulu faire allusion à l’affaire Lœhning qui a fait couler énormément d’encre dans l’Allemagne entière. M. Lœhning était à Posen directeur des contributions provinciales, et, dit-on, un excellent fonctionnaire. Il a été subitement mis à la retraite pour des motifs qui ont été l’objet de tant d’explications et de contestations différentes qu’on ne sait plus qu’en penser. D’après les uns, M. Lœhning aurait été mis à la retraite pour avoir épousé la fille, d’ailleurs très honorable, d’un simple sergent-major, ce qui est une atteinte à tous les principes d’une bonne hiérarchie sociale et administrative : et c’est la version de M. Lœhning lui-même. Mais, d’après les autres, ce directeur allemand avait des tendances polonaises et n’admirait pas assez la politique de son gouvernement. Il y a donc des fonctionnaires tels ; il ne doit plus y en avoir, et le jour où il n’y en aura plus, l’œuvre allemande aura fait un grand progrès. Les ressorts sont bons, mais il faut les tendre encore davantage : alors le but sera atteint, les provinces polonaises seront bien près d’être germanisées.

En somme, si le discours de Posen ne ressemble pas dans la forme à celui de Marienbourg, il n’en diffère pas dans le fond. C’est toujours la même pensée, dure, rigoureuse, inflexible, et les Polonais sont avertis qu’ils doivent docilement s’y conformer. Il n’y a aucun changement dans la politique du gouvernement à leur égard : la seule différence est qu’elle s’exprime plus décemment.


Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
F. Brunetière.