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UN
ÉDUCATEUR ANGLAIS

ÉDOUARD THRING ET L’ÉCOLE D’UPPINGHAM

Un jeune ministre anglican accepte, presque au début de sa carrière, la charge d’une public school obscure, sans élèves et sans avenir. Sur ce terrain, aussi défavorable que possible, il tente et poursuit avec un acharnement passionné la plus invraisemblable des expériences. Il veut uniquement greffer au cœur des élèves le souci de la vie morale qui, chez lui, est intense et absorbe tout. Aucune contradiction, aucune opposition ne lui est épargnée. Les administrateurs, les maîtres même sont contre lui. Les épidémies s’en mêlent et il doit transporter son école, pour plusieurs mois, à des centaines de lieues. Cependant la gageure réussit. L’école se repeuple et devient célèbre. L’austère parole du head-master qui ne prêche que l’effort et le sacrifice est comprise des enfans les plus vulgaires[1].

D’admirables transformations s’accomplissent, et, chose plus difficile, longtemps après les années de collège, elles durent. C’est, en quelques mots, la carrière d’Edouard Thring et l’histoire de l’école d’Uppingham pendant trente ans. Cette œuvre pédagogique vaut peut-être qu’on s’y arrête, et, plus encore, cette âme mérite-t-elle d’être regardée de près. Plus rude, plus spontané, plus anglais que d’autres fameux anglo-saxons affinés par la

  1. J. H. Skrine, A Memory of Edward Thring. Macmillan.
    G. R. Parkin, Edward Thring, head master of Uppingham school. Life, Diary and letters. Macmillan, 2 vol., 1898. Il a paru de ce dernier livre une édition abrégée et en un volume.