Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.


Le gouvernement de M. Combes vient de se couvrir de gloire en emportant d’assaut trois forteresses de la réaction, c’est-à-dire trois écoles congréganistes dans le département du Finistère. Notre brave armée a été mobilisée pour accomplir cette belle œuvre. Le résultat a été ce qu’il devait être, et cela est sans doute aux yeux des radicaux une compensation aux incidens moins brillans dont nous avons parfois été, hors de France, les héros malencontreux. Ah ! qu’on est fier d’être Français, disait-on autrefois, quand on regarde la Colonne ! Chaque temps a son idéal : la fierté vient au cœur des hommes d’aujourd’hui quand ils contemplent trois écoles de Bretagne, dont ils ont vaincu la résistance.

Il faut d’abord mettre hors de cause les agens de la force publique, et principalement nos officiers et nos soldats ; ils avaient des ordres et les ont exécutés ; ce n’est pas à eux qu’en revient la responsabilité. Nous leur rendons volontiers la justice que, tout en remplissant leur consigne, ils y ont apporté des ménagemens et de la modération. On pouvait craindre que le sang ne coulât ; il n’a pas coulé, et tout le mal, — nous parlons du mal matériel, — s’est borné à quelques contusions qui ont été également réparties de part et d’autre. S’il n’a pas été plus grave, on le doit aussi à quelques députés et sénateurs qui se sont interposés entre assaillans et assiégés, et leur ont fait accepter une sorte de transaction des deux côtés on a déposé les armes, et, grâce à cela, de grands malheurs ont été conjurés. Mais il s’en est fallu de peu qu’il n’en fût autrement, et pendant plusieurs jours nous avons été soumis à une véritable angoisse. Qu’allait-il se passer ? Le gouver-