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POÉSIES


LE LAURIER-ROSE


Sur les rythmes d’Eschyle et Sophocle je pose,
Pour honorer les chants d’immortelles douleurs,
Le feuillage élégant, qui s’empourpre de fleurs,
D’un jeune arbuste : un pur et vivant laurier-rose.

Pur et vivant, ainsi que dans les jours lointains,
Ses aïeux fleurissaient aux rives du Scamandre,
Sur les bords parfumés, où, rêveuse, Cassandre
Voyait des printemps morts et des astres éteints.

Ils n’étaient pas moins beaux dans les bois de Colone,
Mêlés au lierre sombre, à l’olivier d’argent ;
Ismène, recueillie, avançait en songeant :
Lauriers verts d’où s’élance une rose colonne !

Purs et vivans, ainsi que dans les jours lointains,
Des esprits de beauté sommeillent à cette ombre,
Parmi des fleurs de pourpre et du feuillage sombre,
Esprits de poésie aux radieux matins !


LES LIS


En souvenir des champs où l’on bâtit Florence,
Champs parfumés de lis au souffle du printemps,
En souvenir du mai joyeux et des huit ans
De Béatrice aux yeux de céleste espérance.